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Pyramide Films

Avec Le Monde d’hier, Diastème signe un thriller politique où la Présidente de la République doit trouver un moyen pour contrer un complot russe visant à propulser l’extrême-droite au pouvoir. Rencontre

Comment naît Le Monde d’hier dans votre esprit ?

Diastème : Je me passionne pour la politique depuis près de 30 ans. Mais je ne pensais pas revenir sur le sujet de l’extrême- droite après avoir réalisé Un Français. Sauf que ces idées- là n’ont jamais cessé de croître depuis et que ce sujet n’a donc jamais cessé de hanter de mon esprit. Après, il fallait trouver une idée pour réaliser un film, pas un tract. Et cette idée ce fut celle d’un scénario construit autour du principe simple du « Et si ? ». Une course contre la montre où une Présidente de la République a trois jours pour empêcher l’extrême- droite d’accéder au pouvoir, comme elle risque d’y parvenir suite à un scandale que s’apprête à balancer un site d’information russe entre les deux tours de l’élection. Un thriller politique que j’ai tout de suite voulu aborder comme un fil de genre, entre tragédie grecque et conte gothique

La musique signée Valentine Duteil y contribue grandement. Pourquoi avoir fait appel à elle qui compose ici sa première BO pour le cinéma ?

C’est l’une de mes grandes fiertés ! Valentine est violoncelliste, arrangeuse. Elle travaille depuis des années avec Alex Beaupain et elle avait déjà signé la musique d’une de mes pièces de théâtre. Pour Le Monde d’hier, je suis allée la voir en lui demandant de m’écrire un concerto pour quatuor à cordes. Et je trouve le résultat somptueux. Elle a compris tout à la fois le lyrisme et l’ambiance de la musique de films de genre que je recherchais en en faisant quelque chose de très personnel. Le Monde d’hier est un film qui avait besoin d’une musique pour accompagner son côté très romanesque.

Pourquoi avoir fait appel au duo de journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, auteurs récemment du Traître et le néant sur Emmanuel Macron, pour vous accompagner, vous, dans l’écriture ?

Si je suis de près la politique, je ne connais évidemment pas tout sur le sujet, en particulier sur les zones d’ombre du pouvoir qui sont par définition cachées. J’aurais pu aller interroger des politiques mais je savais que jamais ils ne me raconteraient jamais ce que j’avais envie de savoir. J’avais besoin de connaisseurs précis de ces arcanes qui seraient prêts à partager avec moi une partie de leur savoir. Or j’avais rencontré Gérard et Fabrice après Un Français. Ils m’avaient proposé d’adapter un de leurs livres. Ce projet n’a jamais pu voir le jour mais le lien ne s’est pas défait. Donc c’est spontanément que je me suis adressé à eux pour que, tous les dix jours, on échange sur ce que j’écrivais. Il était essentiel pour moi qu’aucun détail ne sonne faux pour ne pas abîmer la mécanique de précision indispensable à un tel scénario et ne pas sortir les futurs spectateurs du récit. J’ai fonctionné pour l’écriture du Monde d’hier comme je le fais toujours, en me concentrant d’abord sur l’intrigue puis en rajoutant des couches. Voilà pourquoi après Gérard et Fabrice, j’ai aussi demandé à mon ami Christophe Honoré de venir faire lui aussi une consultation sur ce scénario, en se concentrant cette fois- ci sur l’intimité des personnages. Et puis je savais aussi dès le départ qu’avec ce scénario- là, j’allais avoir un vrai plaisir de dialoguiste, domaine qui me passionne. Or qui dit dialogue, dit aussi la possibilité d’avoir des comédiens qui se régalent et me régalent. Et j’ai eu la chance que des acteurs immenses acceptent de faire partie de l’aventure. Léa (Drucker), Denis (Podalydès) en face à face, c’est la certitude de moments exceptionnels. Mais je peux dire la même chose dans des rôles plus taiseux de Benjamin (Biolay), Alban (Lenoir), Jacques (Weber) ou Thierry (Godard)

LE MONDE D'HIER: THRILLER PRENANT A L'ELYSEE [CRITIQUE]

Comment travaillez- vous avec eux ?

Je ne fais pas de lecture générale avec tout le casting mais, pour avoir fait du théâtre, j’ai ce plaisir de la répétition. Je le fais par personnage, acteur par acteur ou alors juste en duo. Et dans ce travail, on n’a pas vraiment touché au texte. Le Monde d’hier n’est pas le genre de film où un comédien peut improviser. Mais ces répétitions permettent de faire les ajustements indispensables – quand on a peu de temps de tournage - pour que les comédiens aient le texte en bouche en plateau.

Le montage a beaucoup modifié le scénario original ?

C’est la première fois que je signe un thriller. Je n’avais donc pas une grande habitude du genre. Mais l’écriture est très précise. Donc à la table de montage, je n’ai pas la possibilité de changer énormément. J’ai juste coupé une scène introductive. Mais sinon, avec Chantal Hymans, on a vraiment monté le scénario.