Pédagogique et conventionnel, ce portrait d’un proche de Martin Luther King est néanmoins servi par le charisme de Colman Domingo.
Bayard Rustin est le grand oublié de l’histoire du combat pour les droits civiques, mais Barack Obama travaille à sa postérité : après lui avoir décerné, à titre posthume, la Médaille de la Liberté en 2013, l’ancien président produit ce biopic, via sa boîte Higher Ground. Militant prônant la désobéissance civile au péril de sa vie, proche de Martin Luther King, homosexuel, Rustin fut le principal architecte de la Marche sur Washington du 28 août 1963 – celle de "I have a dream". George C. Wolfe (Le Blues de Ma Rainey) brosse son portrait dans un film trop sage, une reconstitution sixties bien dans les clous co-écrite par le spécialiste de l’histoire des luttes LGBTQ+ Dustin Lance Black (Harvey Milk, When we rise).
Bayard Rustin : Après Walking Dead et Euphoria, Colman Domingo en route vers les OscarsLe récit s’emploie à entremêler la grande histoire aux tourments intimes de Rustin, tout en détaillant le sac de nœuds politique qu’il fallut surmonter pour mener la Marche à bien – le genre d’embrouillaminis dont un Aaron Sorkin aurait pu faire son miel. Le ton se veut grisant, galvanisant, "inspirant", mais le film s’abîme dans un climax riquiqui qui ne parvient pas du tout à retranscrire l’ampleur de l’événement, où se pressèrent plus de 200 000 personnes. Bayard Rustin se console en s’envisageant avant tout comme un véhicule pour sa star Colman Domingo (le "sponsor" de Zendaya dans Euphoria), effectivement très bien, charismatique et émouvant, même si le film triche un peu en demandant à tous les autres autour de lui de faire profil bas - ce qui oblige Aml Ameen à composer un Martin Luther King un peu trop falot pour être historiquement correct.
Bayard Rustin, de George C. Wolfe, avec Colman Domingo, Chris Rock, Glynn Turman… Sur Netflix.
Commentaires