On ne sort pas d'un film de Steve McQueen indemne, encore moins quand on porte le récit d'un homme qui découvre l'esclavage et partage avec le monde cette découverte. Si le sujet a été abordé des dizaines de fois au cinéma, rarement il l'aura été avec autant de force que dans 12 Years a Slave, un drame qui met le spectateur dans la peau d'un homme libre kidnappé, enlevé à sa famille, volé de sa vie, privé de son identité et réduit en esclavage. Cet homme, c'est Chiwetel Ejiofor qui a la responsabilité de l'incarner, une responsabilité d'autant plus pesante que son personnage, Solomon Northup, a vraiment existé. Si vous ne connaissez pas son nom, ce comédien anglais de 37 ans n'est pourtant pas vraiment un nouveau venu. On l'a croisé chez les plus grands : Ridley Scott (American Gangster), Stephen Frears (Dirty Pretty Things), Spike Lee (She Hates Me), Woody Allen (Melinda Melinda) ou David Mamet (RedBelt). Pourtant c'est ce film qui lui apporte enfin la reconnaissance méritée - et une nomination aux Oscars. Peut-être parce que ce qu'il fait dans le film est ahurissant - oscillant de la révolte à l'hébétude, de la tristesse à la colère, de la victimisation à la revanche. Sans doute parce que sa présence magnétique n'avait à ce point crevé l'écran. Mais surtout parce que, jamais, il n'avait eu à jouer ça, à faire ce qu'il fait chez McQueen. Aussi bons soient-ils, les grands acteurs doivent rencontrer un certain rôle pour devenir des stars. Ejiofor le trouve ici; et Solomon Northup est le rôle de sa vie. Ni plus ni moins. Lors de la promotion parisienne, nous avons pu revenir sur son travail avec Steve McQueen, sur ses hésitations (après avoir lu le script il aurait d'abord refusé de jouer ce rôle trop lourd, inaccessible), sur sa méthode et ce que ce film a changé en lui. Rencontre avec un acteur dont vous n'oublierez plus jamais ni le nom ni le visage.

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12 Years a Slave
Chiwetel Ejiofor
Steve McQueen