Depuis le début des années 10, la séance de minuit, traditionnellement réservée aux films de genre, avait un peu perdu de sa superbe. Qui, par exemple, se souvient de Wu Xia en 2011 ? Maniac en 2012 et The Rover l’an dernier avaient un peu mobilisé les foules, mais dans des proportions raisonnables. Avec Love, promesse de cul hardcore par le sulfureux Gaspar Noé, le Festival avait donc tout mis en oeuvre pour faire monter la sauce.>>> Love : Gaspar Noé tente le grand film sentimental pornoDès 23h00 (pour une projection prévue à 00h15), les abords du Palais grouillent de monde et bruissent d’une fièvre palpable. L’ouverture des barrières, trois quarts d’heure plus tard, entraîne une ruée digne de l’ouverture d’un grand magasin le premier jour des soldes. Les gens jouent des coudes, qui en costards, qui en robes longues, qui en jean-baskets (les plus avisés). L’entrée dans le Palais est tout aussi chaotique : l’orchestre est rapidement rempli, il faut rejoindre le balcon par des escaliers en colimaçon étroits où la course continue pour la majorité des spectateurs, heureux d’avoir franchi la première étape mais désormais désireux de trouver des places convenables. La file d’attente aux toilettes donne le vertige. C’est le bordel.Benicio del Toro en fanboyNous voilà installés. A 00h30, la projection n’a toujours pas démarré –contrairement aux autres projections, toujours pile à l’heure. L’écran diffuse les images des marches où apparaît l’équipe du film, sur la musique d'Assaut de Carpenter. Cela déclenche une petite hystérie consécutive à l’attente et à l’envie de partager, tous ensemble, un moment qu’on espère unique. Thierry Frémaux monte sur l’estrade pour présenter le film. Il a l’air content. Il chauffe la salle. On attend tous Gaspar Noé, la rockstar du soir, accueilli comme il se doit par une foule en délire. Frémaux signale que Benicio del Toro est dans la salle. L’acteur se lève et brandit le poing. Il est chaleureusement acclamé.Le film commence par une branlette impressionnante. Applaudissement nourris. Ce seront les derniers. Plus intimiste que spectaculaire, plus sensuel et plastique que hardcore et crado, Love n’est peut-être pas le film polémique attendu. Noé fait du Noé (une sorte de Irréversible en mode light), pas du Lars Von Trier. Pas mal de spectateurs partent. Certains dorment, un comble.Générique de fin. La salle applaudit mollement. On apprend que Benicio del Toro a pris son pied et l’a fait savoir bruyamment. Les yeux gonflés par la fatigue, chacun rentre chez soi pour dormir. Les amoureux se tiennent la main tendrement. On comprend soudain pourquoi Noé a appelé son film Love, et non pas Sex. Christophe Narbonne (@chris_narbonne)>>> Love, de Gaspar Noé : du Terrence Malick version X "lourdingue", "attendrissant" et "primitif"Bande-annonce de Love, qui sortira au cinéma le 15 juillet :
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Cannes 2015 : Hard ou soft la séance de minuit de Love ?
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