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Pour beaucoup, Un prophète méritait la Palme d’or du dernier festival de Cannes. Haut la main. Reparti avec le Grand Prix, Jacques Audiard a néanmoins prouvé une chose : il est sans conteste le plus grand cinéaste français en activité, comme en témoigne d’ailleurs sa filmo, cohérente et sans tâche. On comprend, à la vision du film, pourquoi Audiard s’est intéressé au projet. Tout, dans Un prophète, renvoie à ses préoccupations de cinéaste : la dimension virile, le parcours initiatique, la manipulation (des faits et des hommes), les rapports de force et de soumission, le conditionnement social et affectif... Mais, à l’inverse de ses précédents longs métrages, pessimistes et tragiques, Un prophète, animé d’une énergie positive à l’image
de son héros déterminé, s’oriente résolument vers la lumière. Un chemin chaotique, certes, empreint de noirceur et d’ambiguïté. Pour Malik, l’enjeu est d’abord de survivre puis de grandir (dans tous les sens du terme), ce qui implique calcul
et barbarie mais n’interdit pas une forme de morale. C’est là tout le paradoxe et la richesse de ce film que d’ériger en personnage mythique un pur gangster, arabe de surcroît.
Toutes les critiques de Un prophète
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Un vrai choc. Le festival [de Cannes] a découvert un très grand film (...). La rumeur était excellente mais elle a dépassé les attentes des festivaliers. A l'arrivée, deux heures et demie de cinéma et une plongée terrifiante dans l'univers carcéral entre portrait d'un monde barbare et thriller. La réussite est totale. Jamais manichéen, débarrassé des clichés et des idées recues, Un prophète revisite de façon ultra-contemporaine le film de prison.
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Un prophète, c'est une épopée criminelle, comme on en voit plus souvent dans les films américains que dans les français, une de ces histoires qui mènent un moins que rien jusqu'au pouvoir et à la richesse. C'est un thriller, au sens le plus strict du terme : un film qui fait naître des sensations violentes, qui provoque des poussées d'adrénaline, fait peur, révulse et exalte.
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Un prophète réussit à offrir une vision panoramique de son sujet tout en s`accrochant comme une sangsue aux basques de son protagoniste. Il gratte là où ça fait mal, et sans pincettes, le monde pénitencier - cette antichambre de la société - où le crime est facteur d`intégration. Il réinvente le film carcéral français par la modernité de son écriture, proche de celle des séries américaines. En filmant la naissance d`un truand, le cinéaste filme aussi celle d`un acteur : Tahar Rahim, révélation fulgurante qui contribue à l`impression que laisse le film de se créer sous nos yeux, nourri de ce qui l`a précédé mais vierge de toute influence.
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Mise en scène somptueuse, acteurs impliqués, rythme effréné, Jacques Audiard prend les clichés et en fait des scènes cultes, l'homme est un virtuose, il le prouve encore, s'installe, nous épate. Je n'aurai qu'un seul (petit) bémol, il ne concerne absolument pas le propos du film ou sa mise en scène, juste son titre ; sans vouloir polémiquer, il lui confère une tonalité religieuse qui n'est pas justifier par le contenu et pourrait porter à confusion. En tout cas, si Audiard livre un film tous les quatre ans, alors vivement 2013.
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Après « Regarde les hommes tomber » en 1994, « Un héros très discret », « Sur mes lèvres » réalisé en 2001 et « De battre mon cœur s’est arrêté » il y a quatre ans, Jacques Audiard continue son exceptionnelle filmographie avec ce film sur la prison présenté cette année à Cannes et revenu de la croisette avec le très prestigieux « Grand Prix du Festival », l’autre Palme d’Or. Niels Arestrup, complice du cinéaste, est étonnant de justesse en maffieux corse. Quant au jeune Tahar Rahim dont ce sont les débuts au cinéma, il est totalement habité par Malik, ce jeune homme qui ressort libre d’un univers ultra violent, mais en parrain. Avec de brillants dialogues, l’intelligence du récit et une éblouissante mise en scène, Jacques Audiard a réalisé un de ces films qui font avancer la démocratie. Nul doute qu’« Un prophète » aidera à repenser la prison d’aujourd’hui. Du très très grand cinéma.
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Avec ce polar puissant, fiévreux, ultra réaliste, Jacques Audiard a galvanisé le Festival de Cannes, décrochant à juste titre le Grand Prix. Un diamant noir porté avec maestria par le jeune Tahar Rahim, quasi inconnu, découvert dans La commune, sur Canal +.