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L’ombre du Déclin de l’empire américain de Denys Arcand, immense succès du cinéma québécois en France dans les années 80 (plus d’1,2 million de spectateurs réunis en 1987) plane sur ce nouveau film de Denis Côté (Vic + Flo ont vu un ours) mais sans l’écraser. Les deux compatriotes partagent ce goût et ce talent pour parler de sexe, avec une crudité assumée mais sans jamais verser dans la vulgarité. Ses héroïnes sont trois jeunes femmes invitées en maison de repos pour explorer leurs troubles sexuels sous la supervision d’une thérapeute allemande et d’un travailleur social (Samir Guesmi, dont on ne célèbrera jamais assez les qualités d’interprétation). Et tout ici passe donc par les dialogues puisqu’aucune plage de silence n’existe au fil des 137 minutes de son récit. Ceux- ci savent trouver le parfait équilibre entre facétie et sérieux. Mais à l’inverse du cinéma d’un Abdel Kechiche qui fonctionne sur un certain épuisement en faisant des dialogues un moteur – lui, inépuisable - de sa narration, ce ping- pong permanent peine ici à tenir la distance. Car Côté ne trouve jamais vraiment le moyen de les mettre en scène, tant du côté de celles qui s’expriment que de celui de ceux qui écoutent. Et le charme culoté de la première heure laisse place à un sentiment d’ennui qui finit par occuper tout l’espace jusqu’à nous étouffer.