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Peut-on voir The Whale autrement que comme le mélo bouleversant à Oscars qu'il affirme être ? Peut-il être autre chose, en fait ? Pas vraiment. Voilà donc un acteur livrant une performance labélisée définitive dans un huis clos littéraire et larmoyant, adapté d'une pièce de théâtre racontant le crépuscule d'un prof de lettre obèse se tuant à coups de junk food dans son appart... et le problème, c'est que tout ce petit bricolage, censé être authentiquement chialant, se voit autant que la « fat suit » (façon Ben Stiller à la fin de Dodgeball, rappelez-vous) portée par notre Brendan Fraser adoré. Bien sûr, il n'y a rien à redire sur sa performance -sur son charme, son humour et son regard tragique- ou sur celle de la géniale Hong Chau (mais si : vous l'avez adorée dans The Menu ou la série Watchmen) qui incarne son infirmière. Il est obèse, suicidaire et adorable ; elle est frêle et grande gueule ; l'alliance des deux est formidable et c'est la seule chose véritablement, authentiquement solide du film, vaincu par son écartèlement entre son aspect hyper académique et ses visions morbides bien typiques d'Aronofsky. Des visions encore plus fortes que dans The Wrestler, son précédent chasseur de trophées, mais qui donnent quand même l'impression que le réalisateur de Requiem for a Dream et Black Swan semble avoir désormais bien du mal (témoin l'épuisant Mother!) à porter à l'écran tout son mojo de cinéma qui l'anime.