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D’abord, un peu de grec. Le Styx est le fleuve qui relie le monde des vivants à l’Enfer. Ce voyage vers l’abîme, l’héroïne de cette épopée maritime en solitaire va en faire l’expérience. Un compas sur une carte trace d’abord la route à suivre, depuis Gibraltar en passant par les côtes africaines jusqu’à un petit point perdu dans les mers du Sud. Rike, 40 ans, médecin urgentiste en Allemagne, met les voiles. À l’écran, peu voire pas de dialogues, juste le bruit de la mer et du vent. La mise en scène joue intelligemment la carte du réalisme, donc de l’immersion. Le spectateur est sur les flots avec elle. Il y restera jusqu’au bout, bientôt impuissant et affolé face à cet autre bateau au loin sur lequel des migrants pris au piège attendent d’hypothétiques secours. Le film distille dès lors une implacable tension. Une réussite.