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Depuis Joue-la comme Beckham, en 2002, Gurinder Chadha n’a pas vraiment confirmé les espoirs placés en elle. Est-ce un hasard si son nouveau film reprend peu ou prou la structure de sa comédie initiatique à succès ? Il est de nouveau question d’un jeune Anglais d’origine indo-pakistanaise déterminé à s’extraire de son milieu étouffant en s’adonnant à une activité de « Blancs » – le foot féminin dans Joue-la comme Beckham, l’écriture dans Music of my Life. Et la réalisatrice de développer autour de cette intrigue de base des thématiques identiques sur l’identité, le repli communautaire, les conflits familiaux, le racisme, l’émancipation, les amours mixtes... La grande idée de Chadha, moins une idée d’ailleurs qu’un gimmick, est ici d’utiliser les chansons de Bruce Springsteen pour servir son propos gentiment politique. Les paroles engagées et poétiques du Boss, souvent reprises in extenso, agissent ainsi comme des mantras pour le héros, un adolescent en pleine crise existentielle qui aspire à quitter Luton, cette ville anglaise sinistrée – l’action se passe en 1987. « Blow away the dreams that tear you apart » (« Chasse les rêves qui te détruisent »), fredonne Javed en écoutant The Promised Land, cette bouleversante invitation au départ... Gigantesque playlist Springsteen, Music of my Life a l’immense mérite de faire découvrir au jeune public la musique inspirante, et ô combien d’actualité, du Boss. On en oublierait presque les clichés et maladresses qui parsèment le film.