-
Partir. Disparaître. Le cinéma de Mia Hansen-Løve n’est fait que de mouvements : intérieurs, forcément, puisque c’est cette part indicible des êtres qui préside à sa réflexion de cinéaste, d’où parfois cette impression de torpeur et d’affectation. Les mouvements sont aussi purement physiques et concrets. Ici, un reporter de guerre français fraîchement libéré après des mois de captivité en Syrie, part à Goa en Inde. Pas de Fête de la pleine lune cependant, mais une maison vide, un hôtel dépeuplé et une rencontre avec une jeune Indienne. Gabriel, le héros, connaît l’Inde, ne cherche pas la carte postale, et du haut de sa discrétion et sa patience, attend qu’une lumière se rallume. Hansen-Løve avance au diapason de personnages tout en retenue, (re)construit avec eux une part d’eux-mêmes et parvient à saisir des émotions pures et prégnantes. De toute beauté.