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Monumental. Ecrasant. Impressionnant. Et forcément intimidant. Le nouveau Puiu et ses 3h20 est tout cela à la fois et bien plus encore. L’homme de La Mort de Dante Lazarescu adapte Trois entretiens du russe Vladimir Soloviev, publié à la fin du 19ème siècle. Soit exactement la période où se déroule l’intrigue, divisée en six chapitres au cœur d’un vaste manoir dans une région non précisée. Un groupe de Russes y sont réunis et échangent sur la guerre, la religion, la mort, l’amour, la morale... Le tout en français, langue favorite des membres de la haute société russe d’alors. Une langue riche qui constitue la colonne vertébrale d’une oeuvre qu’il serait inexact d’assimiler à du théâtre filmé, en dépit de l’unité de temps et de lieu qui y prévalent. Car c’est la manière dont la réalisation de Puiu casse par des petites touches quasi invisibles l’aspect statique de son dispositif que son film vous emporte, sans pourtant jamais vous tendre la main dans une leçon de mise en scène de chaque instant.