- Fluctuat
Récompensé par de nombreux prix -au festival de la Havanne, de San Sebastián et de Chicago en 1998- ce film arrive aujourd'hui sur nos écrans.
Excédée par sa vie de chauffeur de taxi à Buenos Aires, Soledad décide un jour de partir. Au hasard de son chemin, elle se retrouve à Rio Pico, un petit village du fin fond de la Patagonie. Ici aussi on va au cinéma. Les films qu'on y voit, échouent dans cette salle mutilés par leur longue carrière effectuée dans les cinémas des grandes villes. Pour les projeter, Caruso doit les remonter comme il peut, au hasard des images. Cela n'empêche pas les habitants de suivre avec passion les aventures d'Edgar Wexley, même s'il leur faut pour cela tourner la tête dans tous les sens, et voir les séquences dans le désordre. Les films ainsi transformés bouleversent leur vie. Ils parlent agissent et pensent " comme au cinéma " influencés par la poésie qu'ils découvrent chaque semaine à l'écran.C'est ce qui rebute puis attendrit Soledad. Car personne n'empêche ces isolés du Monde de vivre à leur rythme, de croire à leurs rêves. L'inventeur du village peut découvrir en paix que E= MC2, sans qu'Einstein lui prouve qu'on aurait pu le faire plus vite et mieux. Ainsi Antonio part à la Ville pour tenter d'évangéliser le monde avec sa dernière grande découverte : le communisme. Mais à Buenos Aires les fascistes sont au pouvoir. Cette réalité implacable lui échappe complètement, car à Rio Pico la réalité c'est celle du village, celle filmée et racontée par Soledad, projetée au cinéma à la séance du week-end.A travers ce riche scénario Alejandro Agresti réalise un poème sur les bienfaits d'une certaine ignorance, celle qui laisse toute sa place à la poésie de chaque être encore vierge de tous déjà-vus. Ce film un peu fou, traduit sans doute le rêve d'innocence de tout un chacun, et on se surprend à vouloir nous aussi aller habiter Rio Pico.Le vent en emporte autant
De Alejandro Agresti
Avec Angela Molina, Vera Fogwill, Ulises Dumont
Argentine / France / Espagne / Pays Bas, 1998, 1h30
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