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La fille coupée en deux (Ludivine Sagnier) est « partagée » entre son amour pour un écrivain pervers beaucoup plus âgé qu’elle et un mariage avec un milliardaire schizophrène. Le film s’ouvre sur un air d’opéra de Puccini et plonge d’emblée le spectateur dans un univers romantique. Tel l’illusionniste avec son public, Chabrol joue avec les spectateurs en alternant fausses pistes et vrais indices. L’atmosphère sexuelle qui se met peu à peu en place semble livrer une clé au spectateur sur la suite de cette histoire d’amour. Mais la réalité dénuée de romantisme prend rapidement le dessus. Comme un tour de magie, univers évoqué par le titre, le film est bluffant !
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Dans La fille coupée en deux, Claude Chabrol semble fouler ses thèmes habituels: la médiocrité de la télévision; les bassesses d'une bourgeoisie prête à tout pour préserver sa réputation; la répulsion puritaine du sexe, trait commun à tous les assassins si souvent incarnés par Michel Bouquet. Mais le cinéaste y ajoute aussi des coquineries. Livre une réflexion sur les mères, comme La fleur du mal s'interrogeait sur les pères: la plus parfaite d'entre elles ne provoque-t-elle pas involontairement la catastrophe annoncée? Et signe un film soigné et amer sur la dictature des apparences et l'attraction de la notoriété, élues valeurs montantes par nos sociétées larguées.
Toutes les critiques de La Fille Coupée En Deux
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le cas aujourd'hui de Claude Chabrol, qui, avec cette Fille coupée en deux, signe sans conteste un des meilleurs films de sa déjà longue carrière. Quel joli film, l'histoire de cette fille écartelée entre un amant qui la bafoue et un amoureux qui l'embarasse. Basée sur des faits réels, c'est l'oeuvre d'un maître. Sur la forme comme sur le fond: rien de trop. Mais rien ne manque.
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Au-delà de cette tragi-comédie hyperréaliste, c’est bien la trajectoire de Gabrielle, fausse ambitieuse, vraie amoureuse, qui passionne le cinéaste et emmène le film ailleurs. Mystérieuse par sa transparence même, elle n’a rien à cacher. Et pourtant elle n’est pas du tout ce qu’elle semblait être, une petite allumeuse arriviste.
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Dans la mise en scène de la folie et de la vulnérabilité de Paul Gaudens, Chabrol met toute l'économie de ses moyens, faisant apparaître à ses côtés un "ami" chargé de prévenir les pires de ses excès. Cette ombre serviable est à peine suggérée, sa position dans le cercle familial des Gaudens (dans le rôle de la mère, Caroline Silhol est terrifiante, fragile et blessante comme du verre brisé) n'est jamais expliquée, mais elle suffit à ouvrir des abîmes dès que le personnage entre dans le champ. (...) Malgré ces emprunts, La Fille coupée en deux laisse une impression de vigueur, presque d'urgence. Sans doute parce que Chabrol s'est laissé distraire de ses obsessions par l'irruption d'une jeune femme au talent et au courage hors du commun.
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François Berléand en romancier tordu nous convainc, Ludivine Sagnier en jolie colombe vierge de pas grand-chose nous émeut et Benoît Magimel en milliardaire torturé, agressif et malade nous fait peur. Magimel qui semble se régaler avec ce personnage. On devine aisément une réelle complicité entre le cinéaste et son acteur. Une chose est sûre, les deux compères s’amusent et prennent du plaisir à être ensemble sur un plateau de tournage, cela se voit. Grande création d’acteur que ce personnage de Paul Gaudens. Ce nouveau cru chabrolien est.à consommer de toute urgence. Ne vous coupez pas les cheveux en quatre, laissez-vous faire, laissez-vous manipuler par le maître Chabrol sur son film perché tenant en son bec une énigme.
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Inspiré d'un fait divers, le nouveau Chabrol déçoit un peu. Pourtant, tous les ingrédients y sont: peinture au vitriol du milieu bourgeois, meurtres, fausse morale... Malgré une interprétation irréprochable, on peine à s'attacher à ce drame.
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Si l'on reconnaît la patte du maître et la qualité de ses ingrédients, on a du mal à digérer ce scénario décalé mais insuffisamment décapant. Il en émane une théâtralité appuyée par le jeu outré de Magimel en fils à papa dandy et dindon de la farce. Du coup, comme dans un cocktail de sous-préfecture, on ne fait que picorer ce qu'il y a de bon à prendre, sans s'ennuyer, mais sans se régaler.
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En ciblant un monde en trompe-l'oeil, Claude Chabrol joue sa partition sur un mode mineur. Mais, avec un acteur majeur : Benoît Magimel. Mèche péroxydés, costume près du corps, gestuelle saccadée, il ose la caricature. Et sa composition de gosse de riche névrosé est aussi drôle qu'inquiétante.