- Fluctuat
Le nouveau film de l'auteur de Sue, perdue dans Manahattan pose un problème délicat. Doit-on, oui ou non, faire l'amalgame entre ce qui est documenté (filmer des instants de cinéma dont on ne peut prévoir la portée) et ce qui est manipulé (la fiction) ? Problème primordial car il définit la ligne directrice du cinéma de Kollek.
Conter la vie d'une jeune prostituée de 30 ans lui sert de prétexte pour faire le point sur un monde particulièrement malsain et cruel. Déjà dans Sue, Kollek s'intéressait a cette grave difficulté que Hugo qualifiait par cet adage L'enfer est dans ce seul mot : la solitude. Mais dans Fiona, il va plus loin. Multipliant les scènes scabreuses (donc inutiles), ses intentions finissent par devenir floues. Cette qualité de visagiste qui faisait sa force dans Sue ne fonctionne plus.Vouloir à tout prix capter le réel ne donne pas forcément un film intéressant. Le monde dans lequel vit Fiona est vainement cruel. Le "système" de Kollek consiste à représenter, par l'intermédiaire d'une femme, ce fléau qu'est la médiocrité. Malheureusement, il sombre dans un voyeurisme dégradant. Il n'est jamais question dans ce film de confession mais plutôt de cruauté. Ce manque total de pudeur est la cause directe de l'incompréhension de ce film. Si certains voient en Fiona un film admirable et vrai, je laisserais Roberto Rossellini leur répondre (excusez moi du peu) :
" Aujourd'hui, l'art, c'est, ou la plainte ou la cruauté. Il n'y a pas d'autre mesure : ou l'on se plaint, ou l'on fait un exercice absolument gratuit de petite cruauté " C'est tout !Fiona
de Amos Kollek
Avec Anna Thomson, Felicia Maguire, Alyssa Mulhern
Etats Unis, 1999, 85 min.
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Fiona