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C’est pas lui, mais un peu quand même. Le cinéma est un beau mensonge, alors, forcément, l’autoportrait ment. Le Centre Pompidou avait simplement demandé à Leos Carax : « Où en êtes-vous ? » L’expo afférente n’ayant pas eu lieu, le projet nous arrive orphelin, en tout cas dégagé de tout décorum. Le cas rappelle lointainement une expo avortée de Godard à Beaubourg en 2006, dont il n’était resté qu’un joyeux bordel renié par le maître. Le fantôme de JLG préside d’ailleurs aux affaires de ce moyen-métrage volontairement citationnel. C’est tout autant l’après Godard que le devenir de Carax qui sont interrogés ici. On y voit des hésitations. Un jeune homme, Carax himself, trébuchant devant une caméra sur pied : « Moi, jeune, courant vers mon destin ! » lit-on. Raccorde la fabuleuse séquence de La Foule de Vidor, celle du garçon qui monte seul et apeuré cet imposant escalier. Ailleurs encore : « Le cinéma pardonne tout » Le visage de Polanski bientôt en surimpression sera plusieurs fois désigné : le grand cinéaste, le criminel… L’homme ? L’artiste ? Carax ne s’embête pas avec ça… 44 minutes de vertige où Boys Meets Girl, où Les Amants du Pont-Neuf, où Denis Lavant, jeune et moins, court, avant que Baby Annette n’avance par mimétisme vers on destin. Carax s’amuse aussi à affirmer qu’il n’a jamais tourner de plan subjectif pour aucun de ses films, avant d’en trouver un, très amoureux. Dans un autre élan godardien, le cinéaste s’émeut que les images, comme nos yeux, ne clignent plus. Son film cligne bien. Poétique et généreux. Et par le jeu d’un montage incroyablement touffu et limpide, s’opère un vertige. C’est pas moi, c’est bien lui.