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Révélé au grand public comme acteur dans Twilight, Justin Chon a entamé une carrière de réalisateur en 2015, qui lui a valu notamment un prix à Deauville en 2017 pour Gook qui racontait les émeutes de 1992 à L.A. du point de vue de deux frères d'origine coréenne. Mais Blue bayou, son quatrième long – et le premier à sortir en France – marque une étape importante. Sa première sélection à Cannes dans la section Un Certain Regard. Il y met en scène Antonio, un homme d’origine américano- coréenne adopté qui a grandi dans un village de Lousiane avant d’épouser Katy avec qui il élève sa fille issue d’une première union. Antonio galère, peine à joindre les deux bouts et va surtout se retrouver victime d’un trou dans la raquette juridique américaine, qui le rend expulsable sans délai vers la Corée où il n’a jamais mis les pieds. Nul ne songerait à mettre en cause la sincérité de la démarche de Chon pour dénoncer le sort réservé à certains immigrés aux Etats- Unis. Mais que son traitement est maladroit ! Entre une mise en images chichiteuse aux influences wong-kar-waiennes mal digérées, des flashbacks superflus pour raconter l’enfance d’Antonio, la multiplication de personnages secondaires à l’écriture trop caricaturale dans leur méchanceté pour croire à leur rédemption (l'ex petit ami de Katy, la mère adoptive d’Antonio…) et surtout une tendance à vouloir encapsuler tous les malheurs du monde - racisme, enfance maltraitée, cancer… - en deux heures. Le chantage lacrymal qui en découle abîme le traitement de son sujet central et rend le film vraiment pénible à regarder.