Ce vendredi 1er août sur Canal+, le film d'animation Rebelle, encore inédit à la télévision, devrait séduire petits et grands à 20h55. Découvrez grâce à Première comment l'unique princesse des studios Pixar a su redorer l'image de la filiale de Walt Disney Pictures, ternie un an plus tôt par les mauvaises critiques autour de Cars 2.Loin du conteEntre conte de fées, film d'aventures et épopée mythologique, Rebelle emmène Pixar en terre inconnue. Fini, les jouets en pleine quête existentielle, les robots solitaires ou les superhéros qui ressortent du placard. Pour la première fois, un héros Pixar est une héroïne. Pire, une princesse."J'ai l'impression qu'on ne fait que ça depuis le début, 'se réinventer', s'amuse le réalisateur Mark Andrews. John Lasseter (le directeur artistique de Pixar) mûrit le projet depuis des années, il l'appelle son 'conte de fées sincère'. Personnellement, je n'aime pas beaucoup l'expression 'conte de fées', je la trouve réductrice. Mais ce qui nous intéressait, c'était justement de l'aborder différemment. D'utiliser les clichés du genre pour mieux les renverser. Un peu comme Brad Bird l'avait fait avec les superhéros dans Les Indestructibles ou Andrew Stanton avec la science-fiction dans Wall-E. Au fond, ce que John avait en tête avec Rebelle, c'était de dire aux gens d'arrêter de ranger Pixar dans une case. Il n'y a pas de formule magique, sauf une : la qualité et le coeur qu'on y met. À partir de là, on peut tout faire, même une fantaisie médiévale avec une princesse. Et quand vous verrez le résultat, vous comprendrez qu'on a vraiment revisité le traditionnel conte de fées."Et d'ajouter : "Quand ce bon vieux Walt se demandait quelle histoire il allait raconter, il piochait chez Perrault ou Andersen. Chez nous, on imagine des histoires originales. Et même si Lasseter dirige les deux studios, il a toujours fait en sorte que Disney et Pixar conservent leur ADN respectif."Des débuts chaotiquesLe film a été développé par la réalisatrice Brenda Chapman qui, au bout de plusieurs mois, a été débarquée du projet. "Je vais vous décevoir, prévient la productrice Katherine Sarafian, mais c'est déjà arrivé plus d'une fois : Ratatouille, Cars 2 et Toy Story 2 ont connu les mêmes soucis de production. Brenda avait créé l'univers, les grandes lignes de l'intrigue et les personnages, mais, rapidement, on s'est aperçu que ça ne fonctionnait pas, qu'on ne trouvait pas la bonne histoire. Or, c'est ce qui est primordial chez Pixar. On a donc appelé Mark à la rescousse.""Il y avait effectivement des soucis, poursuit Andrews. Quand on est venu me chercher, on m'a dit : 'Le coeur du film, ses héros et son univers sont là, et pourtant, ça ne prend pas.' La deadline posait également problème. On était déjà fin 2010 et le choix était simple : soit on arrêtait tout et la sortie était décalée, soit on changeait de réalisateur. Il fallait remanier le scénario, simplifier, couper, trancher. En arrivant 'vierge' sur le projet, je n'aurais pas peur de 'tuer le bébé', comme on dit."Mark Andrews à la rescousse"Je me souviens d'avoir découvert dans les couloirs du studio des dessins de types chevauchant dans les landes écossaises, combattant des ours et tirant à l'arc, raconte-t-il. En voyant ça, je m'étais dit : 'Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Je veux faire partie de ce projet !', et Brenda m'avait pitché le film. Je suis fan d'histoire médiévale, je connais tout de la mythologie celte et j'ai pratiqué le tir à l'arc pendant des années. Très vite, je suis devenu leur conseiller principal pour tout ce qui concernait la culture écossaise. Et, fin 2010, alors que je venais d'enchaîner Ratatouille avec Brad et l'écriture du script de John Carter, Pixar m'a demandé de reprendre Rebelle. Ça a été dur vis-à-vis de Brenda (qui reste coréalisatrice), qui est une amie, mais on savait tous les deux que c'était la seule chose à faire."Et le résultat est làPlus sombre qu'il n'y paraît, très émouvant, puisant dans les légendes celtes comme avait pu le faire Miyazaki, Rebelle se révèle d'une richesse thématique étourdissante. Une conte de fées mature qui ne sacrifie jamais rien au romantisme du genre et maintient fermement le cap sur les rapports entre Merida et sa mère. Au-delà de l'humour et des scènes d'action, Rebelle s'attaque à l'oedipe de l'héroïne et rappelle le pari narratif de Là-haut (premier film d'animation abordant le veuvage).Mais c'est surtout visuellement qu'il impressionne. Hormis le design des personnages - tout en rondeurs, et en cela totalement fidèles à la charte Pixar -, jamais un long métrage d'animation n'avait paru aussi réel. Si Raiponce avait placé la barre très haut, le film de Mark Andrews dépasse l'entendement. Les plans aériens, les textures (des vêtements, des matières, des décors), les mouvements des cheveux, l'eau... Si Rebelle nous en met plein la vue, ce n'est pas seulement parce qu'il est beau ou spectaculaire, mais surtout car, pour la première fois, il ose l'ultime sacrilège : brouiller définitivement le rapport entre le réel et l'animation. Impossible, du coup, de voir ce dessin animé sans penser à la manière dont John Lasseter définissait l'esprit Pixar il y a quelques années : "Au fond, la philosophie du studio se résume à prendre des risques." Rebelle... jusqu'au bout.Gaël GolhenRebelle est diffusé ce soir à 20h55 sur Canal+, puis à 22h10 sur Canal+ Family
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