La série historique raconte une page d'Amérique, qui intéressera surtout les Américains. Mais grâce à son casting étincelant, elle devient tout à coup formidable.
De ce côté de l'Atlantique, on ne sait du Watergate que ce que les manuels de Troisième ou de Terminale ont bien voulu nous dire. En gros, qu'il s'agissait d'une sale affaire d'espionnage, entraînant la chute et la démission de Richard Nixon en 1974 ! Un trauma qui a marqué l'Amérique et que Gaslit entend raconter à sa manière, en prenant un nouvel angle narratif : celui du camp républicain !
La mini-série - disponible sur Starzplay en France dès aujourd'hui - retrace les petites histoires cachées derrière la grande et nous fait découvrir des personnages oubliés du scandale – des subordonnés opportunistes et maladroits de Nixon, aux fanatiques dérangés qui ont aidé ou encouragé. Dans cette galerie de truculents seconds couteaux aux dents longues ou au mauvais endroit au mauvais moment, Gaslit met le focus sur Martha Mitchell, mondaine épouse du procureur général John Mitchell, qui n'a pas hésité à impliquer publiquement Nixon dans le Watergate, bouleversant la présidence et sa propre vie au passage...
Si Les Hommes du Président a gravé dans le marbre une dramatisation très hollywoodienne de cette affaire d'Etat qui renversa le pouvoir en place, la série Gaslit a l'ambition d'offrir une perspective moins manichéenne. Une vision certainement plus authentique et qui humanise, a minima, le camp républicain. Bien souvent pour le moquer, sur le ton de la comédie politique, mais aussi pour en faire ressortir certaines figures empathiques. Comme Martha Mitchell, icone 70's aux USA, décédée d'un cancer foudroyant en 1976 - juste après le procès - et totalement inconnue en France. Incarnée par une Julia Roberts resplendissante, Martha apparaît ici comme un héroïne tragique bouleversante, épouse dévouée de John Mitchell, mais qui causa sa perte : "Je pense qu'ils étaient follement amoureux, et je pense qu'ils avaient une relation formidable et passionnée. Et la fin, cette relation fut sa chute, car sans lui, elle a cessé d'avoir l'impression de savoir qui elle était..." analyse Julia Robert dans EW.
Cette admirable Martha symbolise les pièces de puzzle que Gaslit entend remettre sur la table, pour ne pas seulement s'attarder sur le cambriolage de l'immeuble du Watergate - qui arrive concrètement dès l'épisode 2 - mais mieux en dessiner les contours. Ses conséquences. Ses victimes.
Evidemment, comme son pitch le suggère, Gaslit est une série qui parlera d'abord et surtout au public américain. C'est un morceau de son époque, une page de l'Histoire d'Oncle Sam, que le show dépeint avec minutie. Autant dire que tout cela laissera indifférent pas mal de monde hors des frontières des Etats-Unis... Pas très didactique, Gaslit demande donc un investissement certain de ce côté de l'océan, pour bien percevoir les enjeux et les forces en présence. Mais l'effort paraît facile, quand il est appuyé par un casting aussi phénoménal.
Sean Penn est (littéralement) méconnaissable en John Mitchell, livrant une performance "actor studio" assez troublante. Mais plus que le couple star, c'est toute la distribution qui est bluffante, saisissante pour donner vie et consistance à ces anti-héros improbables : avec Dan Stevens (Legion), Betty Gilpin (GLOW), Hamish Linklater (Sermons de Minuit) ou encore Shea Whigham (Boardwalk Empire) pour épauler Julia Roberts, le Watergate n'aura plus de secrets pour vous.
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