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 Les JO sont finis, mais tout n’est pas terminé. Danny Boyle vient d’annoncer que sa cérémonie serait bientôt disponible en DVD. Avant de crier à l’overdose, on reconnaîtra que vu le boulot et la réussite de l'ouverture de Londres 2012, c'était mérité et la plupart des médias ont considéré qu'il s'agissait de la cérémonie la plus éblouissante de l'histoire des JO. Avec ce show, il réussissait l'impensable : galvaniser son pays à travers un joli livre d'image et révolutionner la grand-messe olympique.C’est à ça qu’on reconnaît un artiste : comment s’acquitter d’une commande tout en explosant le cahier des charges ? La réponse de Boyle est exemplaire. Après la fureur et la brutalité de l’ouverture des JO de Pékin (imaginée par Zhang Yimou), Boyle a su composer un show monstre, drôle, sentimental, touchant mais jamais mièvre, conçu comme une ode à l’Angleterre... Tout y passe : de la révolution industrielle à la révolution pop; de Mr Bean aux Chariots de feu; de la reine d’Angleterre aux Sex Pistols, les figures marquantes de la Brit-culture étaient convoquées dans une grande orgie de sens, de couleur et de sons. Son barnum olympique était un condensé d’Histoire et d’histoires qui résumait parfaitement la perfide Albion. Ca c’est pour le cahier des charges.   Mais cette cérémonie fonctionnait aussi comme le dernier opus de Boyle : on y retrouve ses visions hallucinés, ses obsessions, son sens du spotting musical et - relativement - sa provocation. Les gueules noires londoniennes qui sortaient de terre (vision proprement infernale) rappelaient les bidonvilles de Slumdog Millionnaire; l’hommage à Mary Poppins et au NHS faisaient échos aux mômes qui peuplent ses films (Millions notamment); et son sens high concept de la mise en scène affirmait une fois de plus - si on en doutait encore - que Boyle reste un cinéaste fascinant, capable d’humaniser des projets-monstres et casse-gueule. A y regarder de plus près, on peut d’ailleurs voir cette cérémonie comme une déclinaison de son Slumdog Millionaire. Dans les deux cas, une mosaïque de tableaux (re)composent l’histoire d’un pays. Ici c’est articulé autour d’un jeux TV, là autour de sportifs qui défilent... mais à chaque fois, dans un déluge d’images et de sons, c'est un portrait bigarré mais jamais dupe que propose le cinéaste.C’est d’ailleurs pour rendre l’ensemble encore plus lisible, que Boyle a prévu une sortie DVD : “Ca rendra les choses plus claires” expliquait-il au Guardian. On pourra donc voir ce qui nous avait échapper. Découvrir les extraits de films ou de musiques (comme Gregory's Girl, Kes et deux références à son maître, Nicolas Roeg), tenter de deviner à quel moment la Reine est remplacée par une doublure (est-ce qu’elle sort vraiment de Buckingham ? Est-ce qu’elle va jusqu’à monter dans l’hélico ?) ou si c’est bien Rowan Atkinson qui joue du synthé dans la version bordélisée des Chariots de feu... Quelques petits montages devraient parfaire cette version (le défilé des athlètes sera accéléré par exemple), mais avant de découvrir le nouveau film de Danny Boyle, Trance, on se rincera les yeux avec cette cérémonie dantesque, qui mériterait bien une médaille.