Le film triplement Oscarisé de Steve McQueen est à l'honneur ce soir de Place au cinéma, présenté par Dominique Besnehard sur France 5
Un best- seller oublié mais déjà adapté
12 years a slave raconte dans l'Amérique des années 1840 le destin mouvementé de Solomon Northup, un jeune homme noir originaire de l’État de New York, enlevé puis vendu comme esclave qui se bat pour rester en vie et garder sa dignité face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton. Soit le récit de sa propre existence que Solomon Northup avait racontée dans son autobiographie publiée en 1853 que Steve McQueen porte ici à l’écran. Un best- seller instantané qui fut à l’époque un marqueur important dans le débat sur l’esclavagisme qui secouait alors les Etats- Unis et mena à la Guerre de Sécession. Mais, étrangement, après avoir été à ce point au centre du débat et même adapté au théâtre avec Solomon Northup dans son propre rôle, 12 Years a slave est passé dans l’oubli pendant quasiment un siècle. Avant qu’une historienne Sue Eakin ne le remette au goût du jour et rappelle son importance lors du débat sur les droits civiques en 1968. Et ce alors que le livre allait tomber dans le domaine public. A partir de là, 12 Years a slave est redevenu la référence majeure qu’elle était un siècle plus tôt. Et Gordon Parks, le réalisateur de Shaft fut le premier à le porter à l’écran (en l’occurrence la télévision) en 1984 lors d’un épisode de la série American Playhouse, Solomon Northup's Odyssey. Ce fut sa toute dernière réalisation pour laquelle il a aussi composé la musique
Le rôle essentiel de la femme de Steve McQueen
L’idée de faire un film autour de l’esclavage est née de manière très concrète chez Steve McQueen après une rencontre avec John Ridley, le scénariste des Rois du désert, dans la foulée d’une projection de son premier long métrage Hunger. Nous sommes alors en 2008. Le tandem se met alors à l’écriture mais peine à obtenir un résultat convaincant. Jusqu’au jour où la femme de McQueen ne tombe sur le Douze ans d'esclavage de Solomon Northup qui a, sur elle, le même impact que Le Journal d’Anne Frank. Un témoignage à nul autre pareil sur l’esclavage. Ce sera le déclic pour son mari à qui elle transmet son enthousiasme et son émotion et le début d’une aventure qui sera récompensée par trois Oscars : meilleurs film, second rôle féminin (Lupita Nyong'o)… et adaptation.
Un film tourné en 35 mm
Steve McQueen a voulu faire de 12 Years a slave une épopée, un conte épique sur l’endurance humaine. Logiquement, il a donc décidé d’opter pour le 35mm avec comme inspiration les tableaux du peintre espagnol Francisco de Goya représentant la violence et la torture. Avec comme directeur de la photo, Sean Bobbitt, qui avait déjà signé la lumière de ses deux premiers longs, Hunger et Shame, nommé récemment à l’Oscar pour sa photographie de Judas and the Black Messiah.
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