Wallace et Gromit
Netflix

Le duo iconique créé par Nick Park dans les années 80 refait surface avec un film en stop-motion d’une éblouissante maîtrise technique. Mais en cherchant à plaire à tout le monde, Wallace et Gromit : La Palme de la vengeance perd un peu de son ADN anglais.

Voilà déjà vingt ans que Wallace et Gromit n’avaient plus eu droit à un long métrage (Le Mystère du lapin-garou, 2005). Situation indigne pour les deux stars du studio anglais Aardman, qui relance la machine avec un film uniquement visible sur Netflix, contrat oblige. 

Rien n’a vraiment changé pour l’inventeur distrait et son ange gardien de chien, toujours pris dans le train-train quotidien jusqu’à ce que l’aventure leur tombe dessus. Les ennuis commencent par un nain de jardin robot (superbe design, charmant et effrayant) mis au point par Wallace, afin d’épargner à Gromit de jouer les paysagistes. 

Ce dernier n’en demandait pas tant, déteste l’automate et flaire la dépendance de son maître à ses inventions fantasques. Quand le nain de jardin se met à dérailler sous l’influence de leur vieil ennemi, le machiavélique manchot Feather McGraw (pourtant en zonzon au zoo), c’est toute la ville qui en fait les frais...

Wallace et Gromit
Netflix

Opération séduction

Sorti l’année dernière, Chicken Run : La Menace Nuggets était déjà un bon indicateur du niveau de perfectionnement technique atteint par Aardman dans l’animation en stop-motion. La Palme de la vengeance confirme la maestria grandissante du studio : l’attention accordée à chaque détail frôle la maniaquerie et le film, fluide comme un cartoon, ferait presque oublier que ses personnages sont en pâte à modeler. 

Une orfèvrerie au service d’un scénario riche en idées gaguesques, cependant assez flemmard côté rebondissements. Les surprises viennent surtout de Feather McGraw, incroyable voleur de scènes dont le potentiel comique semble décidément infini. Mais La Palme de la vengeance doit également se confronter à un autre ennemi, plus pernicieux : on le sent, sa nature de long métrage familial Netflix le contraint à essayer de plaire à un public international. 

Face à cette tentative de ratisser large, l’humour british et l’obsession pour les crackers qui faisaient le charme de la saga sont priés de quitter les lieux. Sûrement la plus grande limite de ce spectacle d’artisans surdoués, qui parvient néanmoins à entretenir la flamme de l’animation à l’ancienne tout en s’ancrant dans le présent.