Rencontre avec la star du diptyque Les Trois Mousquetaires, dont le premier volet sort ce mercredi au cinéma.
Sa composition de d’Artagnan dans le premier volet du très attendu diptyque de Martin Bourboulon, Les Trois Mousquetaires, marque une étape majeure dans son parcours de comédien entamé voilà près de vingt ans. Le cinéma français va plus que jamais devoir compter avec et sur lui.
Dans le dernier numéro de Première, actuellement en kiosques, François Civil nous explique notamment comment il a été choisi pour le film, son approche de ce rôle crucial et ses similitudes avec le personnage d’Artagnan, jeune premier qui doit faire ses preuves pour rentrer dans la cour des grands. Extraits :
Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan, un pari réussi ! [critique]Ce rôle, et la responsabilité qui l’accompagne, auriez-vous pu l’accepter plus tôt dans votre carrière ?
C’est un type de rôle que tu ne peux pas refuser tant il est rarissime. Les risques existent évidemment mais c’est aussi ce qui est excitant. Forcément, au départ, je me demande ce que veut dire faire un film de cape et d’épée en 2023. J’ai spontanément en tête les films avec Jean Marais qui, aussi beaux soient-ils, ne correspondent pas vraiment à mes envies de cinéma ; moi je cherche de l’action plus concrète. Mais j’ai tout de suite vu que c’était aussi ce qu’ambitionnait Dimitri [Rassam], qui est à l’origine de ce projet, puis Martin [Bourboulon]. Mais ce qui est drôle, c’est que cette proposition est tombée à un moment où mes envies me portaient vers un cinéma plus minimaliste.
On vous a proposé directement le rôle de d’Artagnan ?
Oui et c’est flatteur. D’ailleurs, pour revenir à votre question initiale, c’est là que j’ai senti une bascule dans mon parcours : quand on m’a directement proposé des premiers rôles. À ce moment-là, le rapport de pouvoir s’inverse. On est vraiment un objet quand on débute comme acteur. On est à la merci des directeurs de casting, des réalisateurs et on se bat pour décrocher un rôle. Ça change tout quand on devient sujet, quand on désire vous mettre au centre d’un projet. Mais ça n’est pas forcément plus simple à gérer. Ça amène d’autres interrogations...
J’ai un parcours atypique ; je ne suis pas passé par la classe libre du Cours Florent ni par le Conservatoire, et je suis toujours un peu en quête de légitimité. Le casting permet d’en récupérer. On te voit jouer le rôle, donc on te le donne pour une raison très concrète. Moi, j’ai toujours peur de me faire virer au cours des mois de préparation. Alors me retrouver ici, à donner la réplique pour ses essais à Éric Ruf, patron de la Comédie-Française que j’admire, ça m’a mis un bon coup de pression. J’ai d’ail- leurs bossé ce moment comme un casting, pour prouver que je pouvais vraiment être d’Artagnan !
Dans les coulisses des Trois Mousquetaires : la genèse [1/2]Au fond, vous étiez déjà totalement dans le personnage qui, lui aussi, doit faire ses preuves...
Oui ! (Rires.) Quand je rencontre Dimitri, je sais que c’est pour jouer d’Artagnan. Même s’il n’y a pas eu de casting, je prépare ce rendez-vous comme si c’en était un : je me fais un petit catogan. (Rires.) Je lui explique que c’était mon livre de chevet gamin... alors que c’est complètement faux ! (Rires.) Comme d’Artagnan qui arrive à l’hôtel des Mousquetaires en leur assurant qu’il est prêt à être l’un des leurs alors qu’il ne l’est pas du tout !
Qu’avez-vous ressenti dans ce premier échange ?
La tonalité que Dimitri voulait insuffler à ce projet. Le fait de ne pas mettre de distance avec les personnages – à la différence de beaucoup des précédentes adaptations – que je retrouverai dans la mise en scène de Martin, très immersive. Ça permet de rendre compte de la dureté du roman, de la noirceur de la période. Une patine d’époque au cœur d’un cinéma moderne. Je me souviens avoir tout de suite parlé avec Dimitri des Duellistes de Ridley Scott.
Pour quelle raison ?
Parce que ce film m’avait marqué par sa différence avec les combats très chorégraphiés qu’on pouvait voir dans les films de Jean Marais ! J’y sentais le danger. Ridley Scott prenait le temps à l’écran de le créer, de montrer la peur des personnages caméra à l’épaule. Cette référence, Martin la partageait et l’a traduite dans sa volonté de multiplier les longs plans-séquences à large focale comme dans The Revenant.
Propos recueillis par Thierry Chèze et Sylvestre Picard
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