Christian Clavier et Chantal Lauby dans Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?
Limon Yapım

Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu revient dimanche soir sur TF1. En 2016, sa star revenait sur ce succès dans les pages de Première.

A l’occasion de la rediffusion de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu, ce dimanche sur TF1, nous republions quelques extraits de notre interview de Christian Clavier, rencontré en 2016 pour parler des Visiteurs 3. Le comédien était revenu sur le grand succès de la comédie de Philippe de Chauveron, au moment où sa suite, n’était pas encore entrée en tournage. Depuis, un 3e volet, Qu'est-ce qu'on a tous fait au bon Dieu ? , est sorti en 2021. 


Votre rapport aux Français est très particulier et on sent que c’est ce qui vous plaît par-dessus tout.
Oui. J’ai toujours adoré interpréter des Français. Je suis passionné par le regard ironique, critique et extraordinairement empathique que j’ai sur eux – et qu’ils ont sur moi. C’est un aller-retour. Il n’y a rien de prétentieux dans ce que je vous dis. C’est mon rapport au public. Cela dit, il y a de plus en plus de monde à l’étranger qui apprécie ces films. Les Visiteurs a été relancé par l’extraordinaire succès de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? sur le marché international. Le public allemand, grec ou italien a le même type de relation avec mes personnages que les Français. La comédie française, très française, fonctionne ailleurs.

Comment expliquez-vous que vous dépassiez ainsi les frontières ?
Dans Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, Claude Verneuil, mon personnage, est très « centre de la France » et, en même temps, sa problématique est universelle. Le rapport du patron et de l’employé se retrouve partout. Mais c’est bizarre. Je trouve votre question curieuse. J’ai l’impression que vous avez un point de vue drôlement réducteur sur les Français. Et sur notre pays. Je peux me tromper mais je ne crois pas... Qu’on parle de ses valeurs, de ses principes, de son histoire ou de sa culture, la France a un rayonnement très important. Ce n’est pas surprenant qu’un personnage français fonctionne à l’étranger. Je trouve votre étonnement amusant, parce que j’ai l’impression qu’il traduit un complexe vis-à-vis de ce que nous sommes. On a vendu le film dans le monde entier simplement parce qu’on l’a appelé Bastille Day.

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Vous cloisonnez vraiment le métier d’acteur et d’auteur ?

J’adore improviser. Je ne sépare pas les métiers d’acteur et d’auteur. J’apporte quelque chose et le metteur en scène le conserve ou non. Répondre à des questions sur ma vie m’ennuie, parler de mon métier m’emballe. Ce n’est pas une posture, ce n’est pas pour me défiler. Je vous le dis sincèrement. C’est ce qui m’intéresse. Voilà comment je fonctionne : j’amène toujours le petit truc d’auteur que j’ai dans la tête et ensuite le metteur en scène en fait ce qu’il veut. Au début, Philippe (de Chauveron) a été surpris et finalement il a gardé pas mal d’idées dans Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? J’essaie de trouver quelque chose de jubilatoire pour aller au bout du personnage. C’est ce qui me plaît le plus : aller au bout du personnage, comme j’aimerais, en tant qu’auteur, être servi par l’acteur. Avec Jacquouille, j’ai créé un personnage qui ne me ressemblait même plus physiquement. Ma complicité avec Jean-Marie et avec Philippe s’est bâtie là-dessus. Et le fait qu’ils soient clients.

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Comment se fait la rencontre entreun personnage et un acteur ?
C’est compliqué ça... Intéressant mais compliqué. Tout est histoire de technique. Le costume est très important par exemple et tout se joue au moment où je me vois dans la glace. Après il faut être. Rentrer dedans. Et faire confiance à l’auteur. Parce qu’en tant qu’acteur, je ne sais faire qu’une seule chose : « apprendre le sens des phrases » (c’est ma prof Tsilla Chelton qui le disait). La base pour moi, c’est de connaître entièrement mon texte le premier jour. Mon texte et celui des autres. J’ai bossé énormément et j’arrive sur le plateau. Et quand j’arrive, je suis vide. J’oublie tout. Je suis tellement dedans que cela me permet d’improviser.

Je vais vous donner un exemple. Quand on tourne le Bon Dieu, Philippe me demande si je veux rencontrer les acteurs qui jouent mes gendres. Mais je refuse. Je pense qu’ils ont les jetons de tourner avec moi et que s’ils me voient, ils vont s’apercevoir que je ne suis pas un mauvais bougre, ils vont se détendre. Et il ne faut pas... Du coup, le premier jour a été un enfer. Au maquillage, après une longue hésitation, Medi me dit d’une toute petite voix : « ... Vous êtes très beau. » Et je réponds : « Merci mon petit, c’est gentil. » On est partis sur le ton exact de mon personnage avec ses gendres. Je leur ai amené la situation. C’est ça le jeu.

La jubilation de ce métier est là. Et je préfère parler de ce sujet plutôt qu’on me demande si je suis malheureux de rencontrer un échec. Est-ce que je le suis ? Évidemment. Est-ce que je suis heureux d’avoir un succès ? Oui... mais pas tant qu’on l’imagine. Si le succès fait plaisir, c’est juste parce qu’il permet de tourner un nouveau film. Quand un film ne marche pas, c’est compliqué d’enchaîner, contrairement à ce que les gens disent... On a fait un résultat correct avec L’Opération Corned Beef, mais quand juste après on a proposé Les Visiteurs qui coûte 15 millions de francs de plus, Gaumont doit réfléchir. Et cela me paraît tout à fait normal.

Au cours de cette interview fleuve, Christian Clavier revenait aussi sur ses films cultes Les Bronzés, Le Père-Noël est une ordure et Les Visiteurs. Elle est à lire en entier ci-dessous :

Christian Clavier : "Beaucoup de gens trouvent que c’est compliqué de m’interviewer"