Le film de James Wan redresse la barre après l’échec de Justice League, mais ce n’est toujours pas ça.
Pendant que les fans de Marvel et de DC comptent les points, à chaque nouvelle sortie d’un film de super-héros on est tenté de se dire qu’il n’y a aucun vainqueur, et un seul perdant : le cinéma. Avec Aquaman et le concours du charismatique Jason Momoa, James Wan a visiblement essayé de nous faire mentir, mais y est-il parvenu ? Pas vraiment…
Cinéaste au talent certain, qui s’est habilement fait la main dans le cinéma d’horreur (Saw, Insidious, Conjuring) avant de faire une incursion dans la saga Fast & Furious, Wan tente ici beaucoup de choses. Profitant du fait qu’Aquaman est un personnage plutôt vierge au cinéma, et évoluant dans un univers aquatique forcément dépaysant, le réalisateur né en Malaisie nous propose un film d’aventures riches en références, piochant ici dans Indiana Jones (les scènes de poursuite), Star Wars (le parcours initiatique) ou Avatar (le bestiaire sous-marin).
Changements de ton, de régime et problème de bulles : La genèse d'AquamanBlack Panther sous l'eau
Sauf que. Malgré toutes ses belles velléités, Aquaman est sans cesse rattrapé par son statut. Son statut d’épisode de saga, son statut de film hollywoodien au cahier des charges aussi gros que son budget, son statut d’adaptation de comics qui doit à la fois plaire aux puristes et aux simples amateurs. Le même casse-tête qui empêche quasiment tous les films de super-héros de la décennie écoulée d’être des films à part entière. Et, de fait, Aquaman ne parvient jamais à être aussi original qu’il aurait voulu l’être.
A bien des égards, Aquaman est le Black Panther de l’univers DC. Comment ne pas voir en Atlantis un Wakanda aquatique, tout aussi avancé technologiquement, en proie à la division et caché des yeux du reste du monde ? Sans parler du duel entre Arthur Curry et son demi-frère pour l’accession au trône, sorte de version La Petite Sirène du combat entre T’Challa et Killmonger. Le tout à la sauce Wonder Woman pour l’emprunt à la mythologie, les Dieux grecs et les Amazones étant ici remplacés par l’Atlantide.
C’est pas l’Aquaman qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’Aquaman…
Le film de James Wan enchaîne les poncifs, et ses personnages (au demeurant bien interprétés) n’y échappent pas. Toutes les figures les plus éprouvées sont là : les Némésis (Patrick Wilson/Orm, Yahya Abdul-Mateen II / David Kane), l’acolyte option love interest (Amber Heard / Mera), le mentor (Willem Dafoe / Vulko) et le parent qui s’est sacrifié (Nicole Kidman / Atlanna). Et Jason Momoa dans tout ça ? Il endosse lui le rôle du héros contraint, qui veut échapper à son destin mais finira évidemment par l’épouser parce que sinon il n’y a plus de film. C’est pas l’Aquaman qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’Aquaman…
Tout ceci est déjà vu, donc, mais plutôt bien exécuté. Les scènes sous l’eau sont visuellement réussies, ce qui n’était pas gagné d’avance, le rythme plutôt bien tenu. On se laisse volontiers porter par le courant, et ce n’est que dans le final qu’Aquaman dérape véritablement, noyant l’écran d’une bouillabaisse numérique digne des pires scènes de Batman V Superman ou Justice League. Un passage sans doute obligé, mais terriblement éprouvant pour conclure un film marathon (2h35) qui essaie maladroitement de se donner un peu d’épaisseur avec son sous-texte écolo/pacifiste.
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