Ce qu’il faut voir en salles
L’ÉVÉNEMENT
ACIDE ★★★☆☆
De Just Philippot
L’essentiel
Le deuxième film de Just Philippot réunit Guillaume Canet et Lætitia Dosch dans un road-movie post- apocalyptique sur fond de pluies acides.
Deux ans après La Nuée, Just Philippot remet le couvert avec Acide, autrement plus friqué et ambitieux sur le terrain du fantastique. On y suit un couple séparé ainsi que leur fille Selma, réunis pour fuir les pluies acides qui s'abattent sur la France. Rester à l'air libre étant synonyme de mort - l’eau ronge la peau à la vitesse de l’éclair -, la petite famille prend les chemins de traverse pour tenter de rejoindre un hypothétique lieu sûr. Road movie post- apocalyptique, Acide convoque La Guerre des mondes de Spielberg et La Route de John Hillcoat, avec à la clé des visions de fin du monde stupéfiantes. Du grand spectacle intimiste qui s’incarne constamment dans le mouvement. Mais passées les cinquante premières minutes, assez grandioses, le scénario débande légèrement et force ses personnages à l’immobilité, jusqu’à une conclusion un poil roublarde qui aurait mérité d'être un peu plus fracassante.
François Léger
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A AIME
LA PETITE ★★★☆☆
De Guillaume Nicloux
Adapté du roman du Berceau de Fanny Chesnel, La Petite suit les pas d’un ébéniste veuf et solitaire qui apprend la mort accidentelle de son fils et du compagnon de celui-ci. Le couple attendait un enfant d’une mère porteuse vivant en Belgique et Joseph décide contre l’avis de son entourage de partir à la recherche de cette jeune femme pour la convaincre qu’il peut s’occuper de ce bébé e. Attiré par les sujets du deuil et de la résilience, le cinéaste traite son récit avec retenue en se focalisant sur la rencontre entre deux êtres que tout semble opposer mais qui vont devoir trouver un terrain d’entente. Abordant en toile de fond le statut juridique de la GPA et mettant en valeur la renaissance chez les protagonistes d’un espoir et d’une énergie vitale, le cinéaste donne un rôle en or à Fabrice Luchini et son film déploie de bout en bout une humilité presque trop démonstrative mais hautement réconfortante.
Damien Leblanc
Lire la critique en intégralitéLES FEUILLES MORTES ★★★☆☆
De Aki Kaurismäki
Voici donc un mélo. Deux âmes en peine et silencieuses - une caissière de supermarché solitaire et un ouvrier alcoolique, se croisent dans un bar karaoké. C’est le coup de foudre. Le destin n’est pas tendre. Entre licenciements à répétition, accidents et coups du sort, la vie, comme dans la chanson de Prévert et Kosma, « sépare ceux qui s’aiment… » Kaurismäki ressemble en cela à ses personnages, êtres sauvages et discrets, peu à l’aise dans un réel qui impose du conformisme. La mise en scène volontairement statique doit sa tension aux corps qui l’habitent cherchant maladroitement un point d’appui. C’est bien Chaplin qu’on ressuscite. Il a ici l’apparence d’un chien perdu sans collier, portant le célèbre patronyme. Aki ou le parti pris du tendre.
Thomas Baurez
Lire la critique en intégralitéCOMME UNE LOUVE ★★★☆☆
De Caroline Glorion
À 26 ans, Lili élevait seule ses trois enfants avant que les services sociaux ne les lui arrachent à tort pour suspicion de maltraitements. Pour les récupérer, on ne lui conseille qu’une chose : soigner les apparences et rentrer dans les cases. Impulsive, crue, et désignée comme infantile, elle se démène pour y arriver, malgré l’isolement, la précarité et accessoirement le sexisme ambiant. Sans révolutionner le drame social français, Caroline Glorion exerce un regard bienveillant sur son personnage féminin (joué par Mathilde La Musse) que la vie n’a jamais aidé. Sans pointer la jeune femme du doigt, elle soulève tous les obstacles qui mettent en péril ses capacités à reprendre pied, notamment par le prisme de dialogues soignés.
Sarah Deslandes
DESERTS ★★★☆☆
De Faouzi Bensaïdi
Découvert à la Quinzaine des Cinéastes, Déserts débute comme un film à sketches à la loufoquerie très « coenienne ». On y suit deux pieds nickelés, employés d’une agence de recouvrement de Casablanca arpentant des villages pour soutirer de l’argent à des familles surendettées. L’absurde de la situation donne lieu à une succession de vignettes où l’humour révèle toute la violence des situations. Puis, soudain, Déserts bifurque. Quand ce duo prend en charge un homme pour le conduire aux autorités en échange d’une récompense et que l’homme en question s’enfuit. Le film bascule alors de la comédie vers le western… poétique, abandonne totalement ses deux anti- héros pour suivre ce troisième homme, dont on va découvrir qu’il a été séparé de force de sa femme par un des prétendants de cette dernière, qui l'a ensuite obligée à l'épouser. Et ce revirement qui pourrait paraître bancal se déroule dans une fluidité totale, car fruit d’une même dinguerie douce pour explorer les deux faces d’une même pièce : la précarité et le patriarcat dominant qui plombent la société marocaine. Epatant.
Thierry Cheze
Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première GoPREMIERE A MOYENNEMENT AIME
L’ARBRE AUX PAPILLONS D’OR ★★☆☆☆
De Pham Thien An
La voilà. La Caméra d’Or de la dernière édition cannoise. Un film qui avait tout pour réussir : un jeune réalisateur plein de talent, une déambulation sans fin dans la cambrousse vietnamienne, entre mysticisme et spiritualité accrue. Pourtant, qu’il est dur de s’y accrocher ! Le film s’ouvre sur un accident de la route à Saigon. Thien y perd sa belle-sœur, mais gagne un neveu dont il doit désormais s’occuper. Dans le but de retrouver le père de l’enfant, il entame une odyssée vers sa terre natale et renoue avec sa foi dans une succession de longues mais éblouissantes séquences, si bien qu’il est difficile d’y voir autre chose qu’une prouesse technique. Car le rythme apathique de cette approche documentaire et sa durée injustifiée alourdissent le récit, qui s'avère plutôt soporifique...
Lucie Chiquer
LAST DANCE ! ★★☆☆☆
De Delphine Lehericey
François Berléand n’a pas pour habitude de se faire rare au cinéma. Mais on avait perdu l’habitude de le voir jouer les premiers rôles comme il le fait ici chez Delphine Lehericey (Le Milieu de l’horizon) en septuagénaire qui, se retrouvant brutalement veuf, décide de faire son deuil en honorant la promesse faite à son épouse : se produire, en cachette de sa famille, dans la création de danse contemporaine mis en scène par la chorégraphe La Ribot que celle- ci devait interpréter. Tout est ici trop sage, trop programmatique pour séduire pleinement mais le film a le mérite de ne pas se complaire dans le pur registre émotionnel (et la prestation en retenue de Berléand y est pour beaucoup) et de ne pas traiter – comme si souvent - l’art contemporain avec un regard goguenard, dans les scènes qui, en passant par le corps plus que par les mots sont les meilleures de Last dance !
Thierry Cheze
PREMIERE N’A PAS AIME
MISE AU VERT ★☆☆☆☆
De Yohann Charrin
Régis Blondin, le patriarche d’une famille typiquement parisienne, décide d’organiser des vacances surprises à sa femme et ses ados accrocs à leurs téléphones. Tantôt jugeant, tantôt jugé, le “Parigot” est placé au centre de l’histoire alors qu’il retourne dans le décor de son enfance, le Vercors, et doit faire face à des “néo-ruraux” qui squattent son gîte. On l’a senti venir, le scénario de Mise au Vert laisse une impression de déjà vu et ne parvient pas à surprendre ou aller au-delà de rebondissements monotones qui s'éparpillent. Le film a certes le mérite d’intégrer de nouvelles têtes à son casting, et d’aborder des thématiques actuelles, comme la décroissance mais cela se fait hélas au travers de personnages enfermés dans des archétypes et prévisibles.
Sarah Deslandes
FOLLIA ★☆☆☆☆
De Charles Guérin Surville
Quatre ans après La Sincérité, film de potes lorgnant vers le cinéma de Rohmer, référence trop écrasante pour lui, Charles Guérin Surville ne convainc plus avec son deuxième long, où il ambitionne de jouer entre fiction et vie réelle, à travers notamment un personnage de réalisateur tentant de recoller les morceaux de son existence après son accident. Ce récit riche en chausse- trappes et faux- semblants intrigue dans ses premières minutes, même s’il pousse certains de ses interprètes à un jeu outré peu facile à maîtriser. Et puis, petit à petit, mais bien trop vite, on comprend le puzzle qu’entend ici dessiner le cinéaste. Dès lors, on s’ennuie ferme au fur et à mesure où il distille ses ultimes pièces et qu’il entreprend d’expliquer ce qu’on avait compris depuis bien longtemps.
Thierry Cheze
Et aussi
Capitaine !, programme de courts métrages
Les Chats au musée, de Vasiliy Rovenskiy
Zou, de Claire Glorieux
Les reprises
Classified people, de Yolande Zauberman
Je t’aime moi non plus, de Serge Gainsbourg
Hester street, de Joan Micklin Silver
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