DR

Le réalisateur du Nom des Gens revient avec l’adaptation réussie de La vie très privée de Monsieur Sim, le best-seller de Jonathan Coe.

Comment l’envie d’adapter Jonathan Coe vous est-elle venue ?
Baya (Kasmi, sa femme et coscénariste, ndlr) l’avait d’abord lu, puis me l’avait conseillé. C’est arrivé à un moment où j’étais très sensible au thème de la dépression pour des raisons particulières. J’y ai aussitôt vu une manière d’en tirer un film dans la continuité de ce que j’avais fait jusque-là (l’humour, une certaine désespérance) tout en m’éloignant de la veine autobiographique.

Y a-t-il des différences fondamentales avec le roman ?
Pas trop. Dans le roman, la critique sociale est peut-être plus forte, mais, dans les deux cas, il s’agit d’un portrait en creux d’un monde obsédé par les marques et les moyens de communication.

L’idée de prendre Jean-Pierre Bacri pour jouer ce type en perdition sur les routes de France semble évidente. Était-elle présente dès l’écriture ?
Je fais désormais attention quand j’écris à ne pas me focaliser sur un comédien car c’est potentiellement très déceptif. Ca m’est arrivé plusieurs fois… Pour tout dire, Jean-Pierre avait déjà décliné un rôle que je lui avais proposé ! Là encore, je ne pensais pas qu’il accepterait.

Voir l'interview de Jean-Pierre Bacri

On a l’impression que c’est un film avec et SUR Jean-Pierre Bacri.
Ça vibre énormément par rapport à ce qu’il est, à ce qu’il dégage. On peut penser au début qu’on l’a déjà un peu vu dans ce genre de rôle et, après, je trouve qu’on s’en éloigne. Le film l’emmène vers des choses de grande fragilité, au bord de la folie presque. Je n’ai pas l’impression de l’avoir vu dans ce registre-là.

Il y a beaucoup d’audaces dans le film, notamment la toute fin qui prend un peu à rebours le spectateur.
Je m’attends à ce qu’on m’en parle… J’aime l’ambiguïté de cette fin qui remet le film en perspective.

Le début, c’est un peu « pourquoi ? » et la fin c’est « pourquoi pas » ?
Exactement.

@chris_narbonne