L'interprète de Thriller aurait dû fêter ses 60 ans cette semaine.
Malgré son statut de King of Pop, Michael Jackson n’a jamais réussi à obtenir de vrais rôles au cinéma. Charlie et la chocolaterie, Peter Pan, Le Bossu de Notre-Dame … Nombreux sont les projets parmi lesquels son nom aurait circulé, sans être jamais retenu. Pris au piège de son statut de superstar, Michael Jackson s’est démené pour obtenir des premiers rôles, comme dans Captain EO, le film réalisé en 3D par Francis Ford Coppola pour une attraction de Disneyland. Mais ni ses rôles importants - comme dans The Wiz et Moonwalker - ni ses petits rôles en tant que guest star - dans Men In Black 2 et Miss Cast Away - ne parviendront à asseoir sa réputation d’acteur. Seuls restaient au chanteur les vidéo-clips pour assouvir ses fantasmes cinématographiques. Disparu à l’âge de 50 ans, il aurait eu 60 ans le 29 août 2018. À cette occasion, Première a compilé ses rôles les plus marquants.
"You’ve been hit by a smooth criminal" : le gentil gangster
"J’ai demandé un bad guy et on me donne Michael Jackson !", s’exclame le personnage du réalisateur furieux dans le film Moonwalker. Pas très menaçant au premier abord, le King of Pop profite donc de ses clips pour se mettre en scène dans le rôle du "bad guy". C’est le cas dans Smooth Criminal, réalisé par Colin Chilvers en 1988. Le clip semble tout droit sorti d’un film de gangsters se déroulant sous la Prohibition. Le costume blanc de Michael, clin d’œil à Fred Astaire dans Tous en scène ! (The Band Wagon), peut rappeler Al Pacino dans le Scarface de De Palma. Les effets spéciaux sont volontairement kitsch mais la chorégraphie est à tomber. Certains ont vu dans la séquence où il dévie les lois de la gravité en se penchant de 45 degrés un hommage à Buster Keaton dans College (1927).
Michael Jackson pousse la vraisemblance jusqu’à se bagarrer dans le clip de "Rock My World" - gentiment, mais quand même. Il est épaulé par Chris Tucker, la star de Rush Hour. Michael Madsen joue le gros bras d’un mafieux, interprété par Marlon Brando en personne, le tout dans une mise en scène qui reprend la scène d’ouverture du Parrain !
"Who’s bad ?" : l’homme de la rue
L’homme de la rue ? C’est comme ça que Michael se présente dans les clips de "Beat It" et de "Bad". Dans le premier, réalisé par Bob Giraldi en 1984, Michael s’interpose entre deux bandes rivales prêts à en découdre. Des vrais membres de gangs de L.A. figurent même dans la vidéo ! Le clip fait inévitablement penser aux bagarres chorégraphiées du film West Side Story (1961).
Dans le clip de "Bad", réalisé en personne par Martin Scorsese en 1987, Michael Jackson tient cette fois-ci le rôle d’un jeune homme qui doit prouver à ses potes qu’il est "bad". Le timide garçon se meut en un leader charismatique qui entraîne tout le monde dans la danse !
Le personnage de bad guy se double de celui de séducteur dans le clip de "The Way You Make Me Feel". Le chanteur commence à jouer au chat et à la souris avec une femme séduisante après s’être fait snober. Un tel clip serait difficilement défendable après le mouvement #MeToo, vu la manière dont Michael aborde la jeune femme. Le personnage de bad guy finirait-il par coller à la peau du chanteur ?
"It’s close to midnight … " : la créature monstrueuse
Michael Jackson fait appel à John Landis, le réalisateur du Loup-garou de Londres, pour donner naissance au clip le plus monstrueux de l’histoire. Le chanteur y interprète un jeune homme lycanthrope avant de se faire attaquer - pour de faux ? - par une horde de zombies. "Thriller" est un hommage évident à La Nuit des morts-vivants, réalisé par Georges A. Romero en 1968. Vincent Price, la star de l’horreur made in USA, n’apparaît pas dans le clip, mais sa voix suffit à faire trembler le spectateur. Monstrueux, le clip l’est aussi par sa durée - près de 14 minutes - et son budget - plusieurs centaines de milliers de dollars. Plus de 30 ans après, "Thriller" n’a pas fini de hanter nos nuits …
Michael Jackson remet ça dix ans plus tard avec "Ghosts". Il fait appel au maître des effets spéciaux Stan Winston, qui a notamment travaillé sur la saga Terminator et les trois films Jurassic Park. Manoir hanté, squelettes, morts-vivants et autres créatures monstrueuses … le clip de "Ghosts" reprend tous les incontournables du film d’horreur. Michael Jackson finit nu par faire une chorégraphie dans une tenue pour le moins dénudée.
"Ok everybody, that’s a wrap" : bienvenue dans le showbiz
Pour leur seconde collaboration, Michael Jackson et Paul McCartney ont décidé de s’amuser. Les deux hommes jouent les saltimbanques et les vendeurs ambulants dans le clip de "Say Say Say". Leur numéro de vaudeville ressemble aux pitreries de Gene Kelly et Donald O’Connor dans Chantons sous la pluie (1952, Stanley Donen et Gene Kelly). Leurs bouches, maquillées comme celles de clowns, rappellent presque les numéros de blackface - les blancs qui se grimaient en noirs sur scène -, comme celui d’Al Jonson dans Le Chanteur de Jazz (1927, Alan Crosland).
Michael Jackson ne se contente plus de jouer la comédie dans le clip de "Liberian Girl" : il passe derrière la caméra ! De nombreux amis du chanteur sont présents, parmi lesquels Whoopi Goldberg, Quincy Jones, John Travolta, Olivia Newton-John, Danny Glover - et même Steven Spielberg !
"Like pirates in adventurous dreams" : la face "fantastique" de l’homme
Ses clips, machines à émerveillement pour les enfants des années 1980, flirtent souvent avec l’enchantement et son genre cinématographique : le fantastique. Ce dernier revient sans cesse chez Michael Jackson, y compris là où on ne l’attend pas. Le clip de "Do You Remember The Time" commence comme un péplum avec Eddie Murphy dans le rôle du pharaon, jusqu’à ce que Michael Jackson fasse irruption comme par magie. Le chanteur disparaît de manière aussi surprenante, comme emporté dans des sables mouvants.
L’âme d’enfant de Michael ne s’est jamais éteinte. Il était donc logique que le chanteur finisse par endosser le rôle de celui qui ne veut pas vieillir : Peter Pan. Abandonné dans une forêt dans le clip de "Childhood", il se languit avant de rejoindre une bande d’enfants qui vogue dans les nuages. Un clip poétique qui rappelle la scène d’E.T. où le petit extraterrestre et l’adolescent s’envolent dans le ciel à bicyclette.
Excursion dans le monde de la Science-Fiction
Du fantastique à la science-fiction, le pas est parfois vite franchi. Michael Jackson s’adonne au genre pour la première fois en 1986 sous la direction de Francis Ford Coppola. Captain Eo est réalisé en 3D pour une attraction des parcs Disneyland. MJ interprète un cosmonaute entouré de créatures bizarres tout droit sorties de l’univers de Star Wars.
Il était une fois, dans une galaxie lointaine, très lointaine, un frère et une sœur stars de la pop … Michael retrouve sa sœur Janet pour le clip futuriste de "Scream". Perdus dans l’espace, les deux frangins s’offrent un délire spatial.
"Heal the world, make it a better place" : le citoyen du monde
L’intérêt de Michael Jackson pour la planète et ses habitants est révélée à la face du monde avec la chanson "We Are The World", coécrite avec Lionel Richie et enregistrée avec une pléiade de stars parmi lesquelles Ray Charles, Bob Dylan, Stevie Wonder, Bruce Springsteen et Tina Turner. Le chanteur n’hésite pas, dès la fin des années 1980, à transformer ses clips en éloge de la paix et de la solidarité, comme dans celui de "Man In The Mirror" où apparaissent Gandhi, Martin Luther King et Lech Wałęsa, ou celui de "Heal The World". Michael Jackson se présente lui-même comme un citoyen du monde dans la vidéo de "Black Or White". On le voit danser tour à tour avec une tribu africaine et des Amérindiens, des danseuses thaïlandaises et des danseurs russes. La célèbre séquence de morphing à la fin du clip délivre une vision unie de l’humanité.
Michael Jackson va encore plus loin dans le clip catastrophe de "Earth Song". Déforestation, incendie, braconnage, guerre, pollution, famine… Cette vidéo semble compiler tous les maux terrestres dont les images tournent en boucle sur les chaînes d’info. Michael Jackson y apparaît tel un messie venu sauver la planète, résistant à une tempête surpuissante.
"Earth Song" n’est pas le seul clip "choc" de Michael. Une des deux versions du clip de "They Don’t Care About Us", tournée par Spike Lee dans une prison, a été censuré à l’époque.
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