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Ils portent le même prénom, sont nés à quelques mois d'écart, sont acteurs de cinéma et comédiens de théâtre, aiment jouer avec les mots et même danser avec leur corps, et l'expérimentent actuellement sur les planches : portraits en miroir de Jacques Gamblin et Jacques Bonnaffé.Mon premier, Jacques Gamblin, né le 16 novembre 1957 à Granville dans la Manche, triomphe en ce moment au Théâtre du Rond Point avec sa dernière création Tout est normal mon cœur scintille. Silhouette dégingandée de sylphide masculine, regard délavé à la Jacques Dutronc, costume sixties noir qui souligne l’élégance naturelle, l’acteur auteur s’invente pour la scène une nouvelle identité : danseur. Pour raconter le chagrin d’amour d’un homme quitté par sa femme, le voilà qui se recroqueville comme un chat sur son tabouret, qui fait la girafe, l’éléphant, se met à nu comme un vers devant l’ostéopathe qui va, enfin, le malaxer, pour finir en top model, pantalon retroussé sur des mollets galbés ! Sur un air de blues, l’acteur se laisse aller à une subtile chorégraphie qui force l’admiration quant à la souplesse et la tonicité de son corps. Les femmes bichent, les hommes compatissent, le désir de gros câlin de Gamblin se transmet dans la salle. Mon second, Jacques Bonnaffé, presque son jumeau, est né le 22 juin 1958 à Douai et se produit actuellement sur la scène du Théâtre de la Colline dans un drôle de spectacle, Ex vivo in vitro, une épopée scientifique au pays des manipulations génétiques. Cet athlète de la scène, capable de vous débiter en tutu de danseuse la théorie darwinienne de la sélection naturelle tandis qu’il traverse le plateau au pas de course, ne s’économise jamais. Sur scène, c’est un conteur et acteur hors pair dans un corps de sportif qui aime se muer en animal et changer de sexe. Sans oublier sa mémoire d’éléphant. Une espèce de brute tendre, au poitrail bombé et velu, qui vous enrobe les mots et les concepts de sa sensualité animale et cérébrale. Bonnaffé le terrien peut être aérien quand il danse, pieds nus dans les cordages d’une scénographie de fin du monde, Adam au corps vierge prêt à nous raconter la bible. Ou tout nu, une tiare pontificale sur le crâne, implorant à genoux la mère Nature ! On dit que les gens du Nord ont le cœur chaud. Jacques Bonnaffé nous fait battre le cœur grâce à l’intelligence palpitante de ses interprétations torrides. Quant à Jacques Gamblin, vingt ans après son premier texte, « Quincailleries », il poursuit sa quête en sismographe du cœur, le corps dansant sur des mots doux. On les aime.Hélène KuttnerTout est normal mon cœur scintille jusqu’au 3 décembre au Rond Point, puis en tournée dans toute la France>> Réservez vos places pour Tout est normal mon cœur scintilleEx Vivo in Vitro jusqu’au 17 décembre à La Colline.>> Réservez vos places pour Ex Vivo In Vitro