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Voici une petite sélection de perles déviantes du cinéma d'horreur qui vous feront passer un 31 octobre terrifiant !

Marre des Slashers clichés, des found-footages boutonneux et des psychopathes doux comme des agneaux ? Voici cinq perles rares, injustement méconnues, qui ne demandent qu'à vous faire frémir jusqu'à la moelle. Expérimentaux, subversifs, dérangeants ou juste hors-normes, ces longs-métrages vous feront goûter à de toutes autres saveurs horrifiques... A moins qu'ils ne vous fassent juste regretter d'être né ! A partager entre amis ou en amoureux pour le soir d'Halloween.

 

American Mary (2012) Jen et Sylvia Soska

Commençons par le film le moins dérangeant de la sélection : American Mary. On y parlera de membres découpés (volontairement ou non), de chirurgie atypique et de vengeance au scalpel. Mais ne tournez pas de l’œil trop tôt : ce film canadien à la fois sanglant et poétique n'a rien de vraiment glauque ! C'est plutôt une grande histoire d'amour : celle d'une femme pour la chirurgie et celle de deux réalisatrices pour une actrice dans son meilleur rôle. Fragile, magnétique et cruelle, l'excellente Katharine Isabelle (vue dans la série Hannibal) crève l'écran, fait chanter son scalpel dans les bas-fonds de tripots rock'n'roll et élève au rang d'art la pratique très excentrique de la modification corporelle. Imparfait mais unique en son genre, American Mary est un parcours de femme à la fois touchant et flamboyant dans un univers intriguant captée par une mise en scène subtile. Si vous prévoyez une soirée frisson ça plaira à vos invités : on en met notre main à couper !

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Begotten (1991) E.Elias Merrige.

Avez vous déjà visité la fabrique de vos cauchemars ? Jamais ? Alors laissez vous tenter par Begotten, un grand délire monochrome et scabreux sorti du cerveau malade d'E.Elias Merrige (Shadow of the Vampire). Cette expérimentation macabre est sensée raconter la création du monde à travers une relecture symbolique de mythes bibliques et païens... Bon, dans les faits, il n'y a pas de quoi déclencher une guerre sainte tant ce qu'il se passe à l'écran est incompréhensible. La pellicule est dégradée à l'extrême, il n'y a aucun dialogue et la bande-son a été, semble-t-il, enregistrée sur le lit de mort d'un asthmatique agonisant. Mais le résultat est beaucoup plus angoissant qu'un film gore tonitruant et ferait passer Eraserhead pour une comédie familiale potache. Difficile en effet, de rester sain d'esprit au milieu de ces formes errantes qui étirent leurs membres grotesques dans des paysages fantômatiques. Begotten (la progéniture en anglais) a été comparé à du Beckett en plus glauque dans le petit milieu de l'avant-garde cinématographique américaine. Quoiqu'il en soit, cette belle horreur accompagnera à merveille vos goûters philos ou vos débats théologiques. Au choix !

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Les Trois Visages de la Peur ou Black Sabbath (1963) Mario Bava

Petite pause cinéphile avant notre grand saut dans le vide, Les Trois Visages de la Peur est un film séminal trop peu souvent cité. Ce giallo en trois parties présentées par le légendaire Boris Karloff est pourtant la preuve qu'un film fauché de 1963 peut faire grincer des dents et ruiner la tranquillité de nos nuits pendant de longues semaines. De ces trois histoires proposées par le réalisateur du Masque du Démon, on retiendra surtout celle intitulée La goutte d'eau, dont Dario Argento pompera beaucoup d'excellentes idées et l'éclairage de Suspiria par la même occasion. Black Sabbath serait aussi une des sources d'inspiration du Pulp Fiction de Quentin Tarantino (par son format) mais aussi le film préféré d'un groupe de rock occulte bien connu qui lui piquera son nom. A voir en apéro pour faire sursauter vos invités avec une bobine venue d'un autre temps. Attention, vous ne regarderez plus jamais les robinets de la même manière !

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Nekromantik (1987) Jörg Buttgereit

Quoi de mieux que Nekromantik pour rompre avec la monotonie des comédies romantiques ? Ce film culte raconte l'histoire d'un triangle amoureux, un peu comme un Woody Allen, sauf que la troisième personne de ce trio est un cadavre en état de décomposition avancée récupéré à la morgue du coin. Et bien évidemment, cette relation n'a rien de platonique. Tant qu'à faire dans le romantisme, Jörg Buttgereit ne nous épargnera rien des ébats passionnés de ces amants déviants et insatiables. Les deux tourtereaux se révéleront même très inventifs pour se satisfaire quand certains membres manquront à l'appel. Pendant la projection on imagine que le pire est devant nos yeux ! Grave erreur ! Il vient bien après : le souvenir du film nous hante et nous sali comme un spasme nauséeux. A déguster autour d'un dîner aux chandelles, entre les petits-fours et le baiser passionné.

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Subconscious Cruelty (1999) Karim Hussain

Il y a les films d'horreur, il y a les films franchement glauques... et il y a Subconscious Cruelty. Synthèse sordide de tout ce que l'esprit humain peut avoir de plus dérangé, cette péloche tournée par un junky canadien de 19 ans est certainement l'une des plus extrêmes du 7e art. Immergé dans la contre-culture nihiliste de la fin des années 90, le cinéaste Karim Hussain décide de manifester sa haine contre la société canadienne, récolte 10 000 dollars et commence le tournage de Subconscious Cruelty dans un but bien précis : nous retourner le cerveau. En convoquant des images fortes autour de thèmes scabreux au possible (inceste, cannibalisme...), le jeune québecois prend le pari de déconnecter notre hémisphère gauche, celui qui gère la morale, la raison et la logique. Selon la légende, la douane canadienne aurait même confisqué les bobines du film, complétement désemparée par son contenu. Subconscious Cruelty est bizarre, intello, punk et demande un certain travail de lâcher prise. A voir avec vos amis... si vous voulez les perdre à jamais ! Joyeux Halloween !

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Subconscious Cruelty, by maverty