Affiches Films à l'affiche semaine du 19 juin 2024
Disney/ Haut er Court/ Universal

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
VICE- VERSA 2 ★★★☆☆

De Kelsey Mann

L’essentiel

Efficace, parfois très rigolote, mais sans génie : la suite de Vice-Versa est-elle le parfait symbole du Pixar des années 20 ?

Riley, l’héroïne de Vice- Versa a grandi et est devenue ado. L’alerte rouge puberté se déclenche et des ouvriers blasés ravagent le cerveau de la fillette, laissant un bordel sans nom et préparant le terrain à la nouvelle team : Anxiété, Embarras, Ennui et Envie. Le clash avec les anciens, Joie, Colère et les autres, va se jouer tandis que l’héroïne participe à un stage de hockey qui va mettre à l’épreuve son estime de soi et sa conception de l’amitié. C’est tout à fait rapide, malin et marrant, mais là où Vice-Versa transformait la roublardise de ses mécanismes en un mélo absolument parfait, traversé de moments de grâce inouïs, Vice-Versa 2 vise la seule efficacité en reprenant la trame du film original, final inclus, avec des nouveaux plutôt rigolos qui entraînent le film vers du Roger Rabbit léger, mais qui sentent quand même le brainstorming créatif horizontal à des kilomètres. Car oui, c’est incontestable, Pixar, c’était mieux avant ; les nouvelles équipes n’ont pas le génie de la dream team des débuts.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIME

MARIA ★★★☆☆

De Jessica Palud

En adaptant le livre de Vanessa Schneider, Jessica Palud s’empare du destin fracassé de Maria Schneider, longtemps uniquement réduite au Dernier tango à Paris de Bertolucci (dont Palud fut… l’assistante sur The Dreamers) et sa scène du beurre, devenue irregardable. Certains regretteront le côté un peu scolaire de l’ensemble mais l’essentiel est ailleurs. Dans la manière dont Palud s’empare de cette histoire, dans son désir de faire entendre sur grand écran la parole d’une jeune femme qui a exprimé sur le moment sa douleur, sa rage sur les humiliations subies sans être entendue. En mettant des mots sur des maux Maria ne raconte pas une victime mais célèbre une résistante tombée sur le front de l’indifférence. Et Anamaria Vartolomei épouse ce parti pris par une composition où finesse, intensité et lâcher prise ne font qu’un. Une actrice incandescente qui redonne une part de ce mystère qu’on avait volé à Maria Schneider de son vivant

Thierry Cheze

THE SUMMER WITH CARMEN ★★★☆☆

De Zacharias Mavroeidis

C’est l’été à Athènes et deux amis homosexuels, Démos et Nikitas, ont décidé le consacrer à l’écriture d’un scénario censé obéir à la requête du producteur français pour le financer : qu’il soit drôle, sexy, grec et à petit budget ! Voilà le départ de cette comédie méta à plusieurs strates. Un film sur un film en train de s’écrire en s’inspirant… d’un film qui n’a pas vu le jour, celui que Démos et Nikitas avaient tenté en vain de développer deux ans plus tôt. The Summer with Carmen joue tout à la fois avec les règles d’écriture scénaristique et une imagerie gay au sexy assumé. Ici la chair n’est jamais triste, les corps exultent de manière totalement naturelle sans que ce soit un sujet ou un geste de provocation. Une comédie de mœurs gay qui possède aussi l’originalité de développer une vraie histoire d’amitié entre deux homosexuels et réussit à faire entendre sa petite musique originale dans l’univers du cinéma queer.

Thierry Cheze

DETECTIVE CONAN: L'ETOILE A 1 MILLION DE DOLLARS ★★★☆☆

De Chika Nagaoka

Chaque année depuis 1997, la franchise Détective Conan (et son héros enquêteur de génie coincé dans un corps de petit garçon) produit un nouveau film d’animation (parfois même deux, par exemple en 2015). Ils sont largement restés inédits chez nous, mais ces dernières années, on a la chance de les voir en salles, alors ne vous privez pas ! D’accord, l’intrigue de cet opus-ci est particulièrement alambiquée, mais la façon dont la franchise se renouvelle est particulièrement impressionnante. Après le techno-thriller façon Mission : Impossible du précédent film, Le Sous-marin noir, L’Etoile à 1 million de dollars explore l’histoire et les icônes du Japon à travers la légende de katanas permettant d’accéder à un trésor légendaire. Ce n’est pas génial, mais c’est toujours aussi quali.
Sylvestre Picard

SINJAR, NAISSANCE DES FANTÔMES ★★★☆☆

De Alex Liebert

Dans la province de Ninawa, au nord-ouest de l’Irak, s’ouvre la plaie béante de la vallée de Sinjar, qui se raconte, incarnée par la voix de la comédienne iranienne Golshifteh Farahani. Là, le 3 août 2014, les forces de Daech déferlent pour commettre l'indicible. Dix ans plus tard, pour son premier long, Alexe Liebert adopte le dispositif classique du documentaire-témoignage, mais l’épaissit de photogrammes saisissants, de textes, de chants et de silences dignes, qui redonne une consistance à ces âmes survivantes, hantées par les fantômes des disparus. Consciencieuse, la caméra lie le macrocosme des paysages arides aux visages creusés par les larmes de Yézidis à la recherche d’une catharsis qui ne viendra jamais ; le tout dans une épure si sophistiquée, qu’elle verse cependant hélas parfois dans un formalisme inopportun.

Chloé Delos- Eray

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PREMIERE EST PARTAGE

THE BIKERIDERS ★★★★☆/ ★★☆☆☆

De Jeff Nichols

POUR

Inspiré d’un livre de photographies culte de Danny Lyon sur un gang de motards dans les sixties, The Bikeriders ausculte jusqu’à l’absurde, le rapport sensuel et monstrueux du héros américain avec sa monture. Telles une succession de prises photographiques, les séquences possèdent leur monde à eux, presque autonomes. Leur interaction dépend des êtres abîmés qui les peuplent s’évertuant à donner un sens à une existence d’outlaw déconnecté du réel. En cela le film, furieusement lucide dans sa beauté tragique, déjoue le côté fresque qu’il semblait annoncer (l’hommage appuyé aux Affranchis). Le verni sexy (cuir, stars et bastons…) s’écaille. L’Amérique selon Nichols pétrie d’inquiétudes et d’espérances n’a jamais paru aussi désabusée.

Thomas Baurez

CONTRE

Tout au long de The Bikeriders, on voit Jeff Nichols courir après son fantasme de grand roman américain de la rébellion motorisée. Le problème est qu’il n’a pas réussi à choisir quel film il voulait faire. Il hésite entre l’exploration scorsesienne d’un inframonde ritualisé, et un fétichisme postmoderne hérité de The Loveless de Kathryn Bigelow, où les bikers ressemblaient plus à des projections fantasmatiques qu’à des êtres de chair et de sang. Le film ne marche vraiment que sur son versant portrait de groupe, zappant joliment d’un personnage secondaire à l’autre, offrant à chacun sa scène, son moment. Mais ces instants épars ne s’agrègent jamais en un tout cohérent. C’est très mou, trop sage. Les « Affranchis du film de bikers » reste à faire.

Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

NOUVEAU MONDE ★★☆☆☆

De Vincent Cappello

Dans son premier long, Vincent Capello raconte le destin d’un Afghan ayant fui son pays pour Paris où il tente de s’intégrer avec l’aide d’un jeune homme débrouillard qui l’a pris sous son aile. Remarquablement interprété, ce récit aux nobles intentions mais jamais mièvre peine cependant à faire entendre sa singularité face aux récents films (Ils sont vivants, Les Survivants, Quelques jours pas plus…) qui ont su trouver un angle plus affirmé pour aller au- delà de la tragédie des situations rencontrées.

Thierry Cheze

SIX PIEDS SUR TERRE ★★☆☆☆

De Karim Bensalah

Ce premier long de Karim Bensallah fait écho au récent Le Dernier des juifs de Noé Debré, dans cette façon tragi-comique de montrer des jeunes gens pas forcément héroïques - voire apathiques - refuser de se soumettre à ce que leurs origines semblent exiger d’eux. Sofiane, fils de diplomate algérien, bosse dans une entreprise de pompes funèbres musulmanes pour se tirer d’une mauvaise passe. Malgré sa force évidente, le film peine à totalement sonder les errements intérieurs de ce protagoniste dont l’indécision permanente finit par se retourner contre lui.

Thomas Baurez

MON MILIEU ★★☆☆☆

De Milo Chiarini

Pour son premier essai de réalisation en solo (sans donc Sabrina Nouchi, sa complice de En Ground and pound et Juste une mise une point – restés inédits en salles -, à qui il donne tout de même un rôle), Milo Chiarini prête ses traits à Nico, criminel repenti et relâché après vingt ans de prison. Ombre anachronique qui, à quarante ans, n’a jamais vraiment vécu, il passe du milieu carcéral au familial, sans jamais vraiment s’affranchir de ses démons. Émanant de cette figure de force tranquille, dont la violence n’est en fait jamais loin, les esquisses de l’intrigue, qui tardent à se dessiner, gomment tous les reliefs d’un film reposant principalement sur un dispositif de claustration par le cadre, un peu à la manière du Fils de Saul – mais sans le contexte mémoriel. Un effet étouffant, un peu superficiel, censé illustrer les rouages du déterminisme social, mais qui transforme pudeur en longueur sans jamais vraiment réussir à embarquer le spectateur dans ce récit d’évasion impossible.

Chloé Delos- Eray

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

ELLE & LUI & LE RESTE DU MONDE ★☆☆☆☆

De Emmanuelle Belohradsky

Lui (Victor Belmondo), c’est Marco, la vingtaine, un peu paumé dans la vie, qui dépanne un ami en le remplaçant dans une centrale d’urgence pour ascenseurs. Elle (Galatéa Bellugi), c’est la jeune femme qu’il va tenter d’aller dépanner quand elle l’appelle à 3 heures du matin, angoissée car claustro et coincée dans une cabine d’ascenseur. Et le reste du monde… ce qui semble avoir décidé de se liguer contre eux, en cette nuit de la Saint- Valentin pour les empêcher de se retrouver. Avec son premier long métrage, Emmanuelle Belohradsky ambitionne de mêler comédie romantique et course- poursuite haletante. Mais ce mélange des genres ne fonctionne jamais faute à un scénario faiblard et une impossibilité à distiller du rythme dans son récit. Un tel film nécessitait une mécanique de précision sans faille, à mille lieux de l’à peu près ici à l’œuvre.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS DU TOUT AIME

HORS DU TEMPS ☆☆☆☆☆

De Olivier Assayas

Tout le monde se souvient du grand exode suite à l’annonce du premier confinement pour éviter la propagation du Covid-19. Les habitants des grandes villes soudain effrayés à l’idée de vivre entre les quatre murs de leur appartement rejoignaient à la hâte leur résidence secondaire promesse d’un calvaire au vert. L’injustice sociale que ce mouvement (d’humeur) rendait saillant invitait à la retenue. Olivier Assayas, lui, était parti avec son frère et compagne respective dans la maison familiale de la Vallée de Chevreuse. Quatre ans plus tard, toute honte bue, le cinéaste sort du bois et nous pond une fiction autocentrée sur cette vie mouvementée au grand air. Vincent Macaigne, down-tempo, phrasé affecté de rigueur, a la lourde charge d’incarner ici le cinéaste. Un cinéaste qui nous gratifie en surplomb d’une voix off pseudo-truffaldienne d’un ridicule achevé. Les dégonflés du confinement tiennent enfin leur monument

Thomas Baurez

 

Et aussi

Caligula- The Ultimate guy, de Tinto Brass

Natura, de Mickael Perret

Nomad, de Patrick Tam

Surivre, de Frédéric Jardin

Les reprises

Let’s get lost, de Bruce Weber