guide des sorties 180718
The Walt Disney Company France/Mars Films/Sophie Dulac Distribution

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

ANT-MAN ET LA GUÊPE ★★★☆☆ 

De Peyton Reed

L’essentiel
Après le cliffhanger d’Infinity War, on souffle un peu avec cette comédie ponctuée de scènes d’action originales.

Les sériephiles connaissent ça par cœur : après un épisode tendu se terminant par un cliffhanger, le suivant digresse, parlant totalement d’autre chose, tenant en haleine le spectateur jusqu’à celui d'après, qui, enfin, offre des explications. Ant-Man et la Guêpe, c’est exactement ça, transposé au cinéma : une parenthèse amusante et estivale, qui sort juste après le twist frappant d’Infinity War et qui ne fait le lien avec sa suite, Avengers 4, qu’à la toute fin de son histoire.

Élodie Bardinet

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PREMIÈRE A ADORÉ

MON TISSU PRÉFÉRÉ ★★★★☆

De Gaya Jiji

L’histoire débute en 2011 à Damas dans un taxi partagé ; Nahla (Manal Issa) regarde la ville, perdue dans ses pensées ; les autres passagers lui demandent de fermer la vitre – il pleut, ils ont froid – mais la jeune femme refuse ; l’air sur son visage lui plaît, elle a besoin de respirer. Cette séquence semble placer Mon Tissu Préféré sur les rails du cinéma arabe tel qu’on le connaît, ceux de la chronique sociale et du récit d’émancipation. Un cinéma que Gaya Jiji s’attache à déconstruire dans ce premier film tourné en exil, alignant les métaphores trop claires (le magasin de vêtements s’appelle Oxygen, le tissu du titre est celui d’une robe de mariage arrangé) pour mieux les faire sortir de leurs gonds. A la guerre civile qui gronde au dehors, la réalisatrice oppose celle qui travaille la chair de son anti-héroïne. Ses rêves et ses colères ne sont pas ceux du peuple syrien, ce sont les siens, intimes et entêtants ; à l’inverse, son environnement quotidien (l’appartement qu’elle partage avec sa mère et ses deux sœurs, le bordel situé à l’étage supérieur) est un espace mental, qui se distord au gré de ses humeurs. Il y a sans doute trop d’ambitions mêlées dans ce film, trop de pistes brouillées pour défaire les poncifs, mais on admire sa liberté de ton et son goût pour le beau-bizarre, qui redonne du souffle à la coming-of-age story. Le film s’achève sur une image de la jeune femme en sorcière, flottant seule au-dessus du monde, trop opaque pour lui servir de porte-parole. Un autre cinéma arabe est possible, en voici la preuve aussi instable qu’étincelante.

Michael Patin

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PREMIÈRE A AIMÉ
 

FLEUVE NOIR ★★★☆☆

De Erick Zonca

Serait-ce le passage de la cinquantaine ? Après Gauguin – Voyage de Tahiti et avant Le monde est à toi, deux films dans lesquels il assume son âge en exagérant le trait (fatigué), le flamboyant Vincent Cassel est méconnaissable dans ce polar du revenant Erick Zonca : légèrement bossu, le cheveu gras, la barbe sale, les yeux bouffis, il campe un commandant de police alcoolique et cradingue (François Visconti, quel nom !) à côté duquel les antihéros dépressifs d’Olivier Marchal feraient presque figure d’anges.

Christophe Narbonne

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THE GUILTY ★★★☆☆

De Gustav Möller

 Un soir comme les autres au standard téléphonique de la police de Copenhague. Asger, un flic costaud, reçoit appel après appel jusqu'au moment où... Où on va s'arrêter là puisque The Guilty est le genre de film malin qui réserve son lot -fort conséquent- de surprises. Un petit film au parfum high concept, car on ne quittera jamais les deux pièces foides du commissariat, toute l'action passant par Asger, et ses appels téléphoniques incessants. Ce n'est pas qu'une posture un peu chic de premier film qui fait tout pour se la ramener : The Guilty est aussi bien écrit qu'extrêmement soigné techniquement, avec un travail sur le son notamment remarquable, et fournit l'une des clefs du film en imposant au spectateur de composer une géographie mentale. Mais au fond The Guilty passe en fait 1h25 à patiemment construire puis déconstruire un personnage de flic complexe et fouillé, touche par touche, mot par mot, nuance par nuance. L'épatant Jakob Cedergren (vu dans Submarino de Thomas Vinterberg ou Antigang avec Jean Reno) incarne ainsi avec mille nuances -sa voix, son regard, sa façon d'enlever et de remettre son kit mains libres, voire même le geste de ses doigts sur un clavier- un héros constamment frustré par son désir d'action. Sa frustration, au fur et à mesure des appels, des coupures de réseau et des interruptions, alimente la dynamique inquiétante et brisée du film. The Guilty devient, en creux, l'histoire fondamentalement tragique de l'échec d'un héros.

Sylvestre Picard

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

 

PAUL SANCHEZ EST REVENU ! ★★☆☆☆

De Patricia Mazuy

Auteure d’une œuvre éclatée et exigeante, Patricia Mazuy signe avec Paul Sanchez est revenu ! un thriller atypique dans lequel l’atmosphère oscille entre tension pure et situations absurdes. Zita Hanrot y incarne une jeune gendarme obsédée par la traque d’un tueur qui aurait été aperçu dans le sud-est, dix ans après y avoir massacré sa famille. Laurent Lafitte campe ce psychopathe présumé, errant dans la ville et dormant à flanc de colline. Est-ce vraiment lui ce Paul Sanchez dont toute la région parle ? Marion en est persuadée et va mener l’enquête avec un journaliste locale avide de scoops… La première partie du film fonctionne à peu près, le mystère s’installe, la tension monte. Puis, patatras ! Incapable de tenir la distance, la réalisatrice peine à boucler son histoire qui part à vau-l’eau, à l’instar de son héroïne dont l’instabilité croissante est aussi peu crédible que le dénouement flirtant avec le grand-guignol.

Christophe Narbonne

 

COME AS YOU ARE ★★☆☆☆

De Desiree Akhavan

 

Cette adaptation d’un roman pour ados signé Emily M. Danforth nous entraîne en 1993 au coeur des Rocheuses à l’intérieur d’un singulier centre chrétien chargé de « guérir » de jeunes ados de leurs penchants homosexuels pour leur faire retrouver la voie de l’hétérosexualité. On y suit la jeune Cameron - dont le seul crime a été de tomber amoureuse d’une autre fille - et ses camarades d’infortune dont on piétine ainsi sans vergogne les premiers élans du cœur. Récompensée du Grand Prix du Jury lors du dernier festival de Sundance, Desiree Akhavan réussit à installer le cadre de son récit sans mièvrerie et ne circonscrit jamais ses différents personnages à de simples figures archétypales. Seulement une fois passée une entrée en matière convaincante, son film peine à changer de braquet : les situations ont tendance à se répéter et l’action à faire du surplace. Et sans jamais susciter l’ennui - grâce aux compositions plus que convaincantes de son casting, emmené par une impeccable Chloë Grace Moretz – ce Come as you are tire cependant trop à la ligne pour convaincre pleinement.

Thierry Cheze

 

Et aussi
Break de Marc Fouchard

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Reprises

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