Toutes les critiques de Une fiancée pas comme les autres

Les critiques de Première

  1. Première
    par Stéphanie Lamôme

    Un pitch de comédie pour un film qui n’en est pas du tout une. En choisissant une créature encore plus introvertie que lui, Lars s’oblige à en être l’interprète et donc à se confronter au monde. De même qu’en acceptant de rentrer dans son jeu, le petit village qui l’entoure va aussi évoluer en se confrontant à la « différence ». Écrite par l’une des scénaristes de la série Six Feet Under, cette étrange leçon de solidarité et de tolérance est encore l’occasion de s’apercevoir que Ryan Gosling, tout en souffrance autistique, est décidément le meilleur acteur de sa génération, au moins aussi doué qu’Edward Norton en son temps. Réussir à nous rendre jalouse d’une poupée en fauteuil roulant n’est pas son moindre talent.

Les critiques de la Presse

  1. Le JDD
    par Jean-Pierre Lacomme

    Un récit un peu sucré en forme de conte de Noël.

  2. Fluctuat

    Lumineux et évident, porté par une générosité et une sensibilité à pleurer, Une fiancée pas comme les autres impose définitivement Craig Gillespie comme l'un des auteurs méconnus mais majeurs de 2008. A suivre sans hésitation. De Craig Gillespie on connaissait Monsieur Woodcock, sorti en catimini et défendu par quelques rares esthètes. Mais avant, quoique tourné dans la foulée, il y avait Une fiancée pas comme les autres, ou plutôt Lars and the Real Girl. Les joies du calendrier des sorties et des distributeurs ont voulu que le film sorte chez nous en dernier, après tout le monde. Pas grave, il est là et on est ébloui. A partir d'un scénario incroyablement casse-gueule : l'histoire d'un introverti limite autiste et allergique au contact humain qui tombe amoureux d'une poupée grandeur nature, Gillespie tire un film d'une beauté à la générosité inouïe. Avec une acuité et une délicatesse à la grâce stratosphérique, il s'accapare un sujet glissant, la folie (douce), sans le traiter comme une anomalie en deux camps : d'un côté les individus normaux, de l'autre le héros, Lars, trop love de Bianca, sa super poupée gonflable commandée sur le net et à qui il parle, invente une vie, allant jusqu'à l'installer chez son frère et sa belle soeur, d'abord inquiets puis finissant par accepter cette nouvelle arrivante sur les conseils d'une psy. C'est la force du film, ne jamais exclure ou renvoyer le personnage à sa déviance, au contraire : sa famille, ses collègues de bureau, chaque membre de la communauté de la ville acceptent Bianca, ils l'intègrent à leur quotidien, jusqu'à se prendre d'affection pour elle. Comme si soudainement, tout le monde se mettait à croire aux illusions de Don Quichotte pour l'aider à sortir de son délire en douceur, par lui-même. Sans jugement, tous heureux de participer à cette fiction solidaire. La finesse avec laquelle Gillespie traite du sujet, qui n'évite pourtant pas les considérations psychologiques, culmine par cette absolue bienveillance se posant délicatement sur les épaules des personnages. Tout le film s'organise comme une thérapie de groupe où chacun participe par amitié pour Lars, héros fermé et touchant, à la carapace aussi dure que le froid hivernal dans lequel baigne l'ambiance générale. Commencé telle une comédie douce amère parfois absurde (déclination des présentations de la dulcinée, obsession maniaque du héros, réalité vs illusion), Une fiancée pas comme les autres explore progressivement les affects de Lars avec une sensibilité jaillissant en grande gerbes d'émotions continues. Il renverse les situations habituelles (aucune cruauté, raillerie ou cynisme), pour les transformer en série de gestes amenant le personnage moins vers la prétendue réalité qu'à la découverte de l'autre. On n'oubliera pas la scène du bowling où Lars succombe au charme de cette collègue de bureau qui le drague effrontément. En un kaléidoscope de mouvements, de plans soyeux sur les corps et les visages amusés qui se dévoilent secrètement, Gillespie fait naître dans le regard de son héros un sentiment charnel et amoureux, sans contredire l'existence réelle de Bianca. Géniale perspective animiste, refusant de condamner notre affection pour ces objets transitionnels peuplant notre quotidien, sans oublier l'essentiel. Il y a ici une pudeur et une confiance sereine en chaque scène, une puissance lumineuse et utopiste à la bonté presque chrétienne. Sublime.Une fiancée pas comme les autresDe Craig GillespieAvec Ryan Gosling, Patricia Clarckson, Emily MortimerSortie en salles le 24 décembre 2008[mediabox  id_media="11246" align="null" width="500" height="332"][/mediabox]Illus. © Diaphana Films - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil comédie sur le blog cinéma