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par Thomas Baurez
Toutes les critiques de Miséricorde
Les critiques de la Presse
Alain Guiraudie, cinéaste mais aussi écrivain édité chez P.O.L dont le dernier roman, Pour les siècles des siècles raconte l’itinéraire d’un prêtre qui ne rechigne pas aux joies des plaisirs solitaires. Un être bousculé dans sa pensée et ses actes par un autre lui-même ayant pris possession de son corps. L’écrivain Guiraudie s’autorise encore plus de choses en littérature qu’au cinéma où le réel dicte sa loi. Son dernier film, appelle aussi à la transcendance et au mysticisme délirant, moins au pardon voire à la compassion comme le suggère le titre. Ici tout le monde ment sur ses intentions véritables. La duplicité fait foi. Ça part comme un western. Un jeune homme revient dans son village d’Aveyron. Si lui a bougé, l’ancien meilleur ami, pas vraiment. Encore que, les sentiments n’ont pas forcément besoin de voir du pays pour s’épanouir. Or les sentiments chez Guiraudie sont des vieux rêves qui bougent pour paraphraser le titre d’un de ses moyens métrages. Toutes les tensions du récit ont pour point d’appui la salle à manger de Martine (Catherine Frot géniale), veuve depuis peu et qui bientôt verra son fils disparaître mystérieusement. Il y a aussi et surtout un prêtre adepte de la cueillette aux champignons et des plaisirs pas forcément solitaires qui pourrait arbitrer les passions. Il préfère toutefois y prendre part. « Chacun a le droit à une vie privée ? » affirme-t-il plein de malice. Miséricorde est une farce spirituelle autant qu’un thriller psychologique où le surnaturel est d’autant plus fou qu’il se love dans un réalisme inquiétant. Un peu comme si Chabrol était revenu déguisé en Buñuel. Merveilleux.