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Voilà donc du pur Jeunet, celui qui sait mélanger les époques, colorer ses images, traiter l’anecdotique, bricoler la récup’, adopter une naïveté loin d’être enfantine. À tel point qu’on est déçus de ne pas être plus surpris, frappés par un manque d’originalité alors que l’on croyait pourtant que c’était sa principale marque de fabrique.
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Ne sachant pas toujours sur quel pied danser, Micmacs à tire-larigot offre pourtant une belle alchimie entre le corps de Dany Boon et la caméra de Jean-Pierre Jeunet. Plusieurs séquences font jaillir une authentique grâce et rendent d'autant plus superflus les jeux de langage du personnage d'Omar Sy, running gag qui freine l'impulsion du film.
Animé par un joli désir d'originalité, Micmacs à tire-larigot finit donc étouffé par des mécanismes trop rigides. Mais il laisse l'espoir de retrouver un Jean-Pierre Jeunet en pleine forme dès qu'il aura renoncé aux boursouflures de ses deux derniers films.
Toutes les critiques de Micmacs à tire-larigot
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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A la fois ironique et sensible, sombre et coloré, Micmacs à Tire-Larigot semble être le juste milieu entre Delicatessen et Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain. (...) L'histoire est guillerette, sincère et doucement folle.
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Les fans de Delicatessen ou du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain se pourlécheront les babines en découvrant ce film où l'on apprend à manger les Vache qui rit sans enlever l'emballage en aluminium. [...] Dany Boon, éblouissant comme jamais à la tête d'une bande de comédiens complices, fait régner la loi du plus faible. Un cambriolage délirant et des poursuites folles sont au programme d'un film 100% festif, qui excite autant les zygomatiques que le palpitant.
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[...] ce qu'il réussit le mieux, ce sont les méchants. André Dussollier et Nicolas Marié, comédien méconnu mais déjà remarqué dans Enfermés dehors, d'Albert Dupontel, assurent tous deux en marchands d'armes sans foi ni loi et volent quasiment la vedette à Dany Boon. [...] On préfère le Jeunet qui dégaine les revolvers plutôt que les violons (Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain). Dans cette farce caustique et joyeuse, il bricole, combine et fignole en connaisseur. De la bonne mécanique, qui tourne bien. Un super train électrique. Un jeu comme Jeunet.
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Reste, face à cette époustouflante démonstration de savoir-faire, un déficit. Les personnages restent des silhouettes, marginaux sympathiques mais désincarnés. Le héros du film, c'est l'ingénieur en prouesses, l'artisan des mécaniques improbables, le manieur de poulies, celui qui récupère, trie, répare, recycle : c'est Jeunet, génial brocanteur, mais dont les pieds nickelés restent graphiques, instruments d'une éblouissante machinerie de divertissement dont la profondeur humaine reste un peu trop opaque.
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Les branquignoles qui l'entourent [Dany Boon] ont tous une gueule d'atmosphère, un passé qu'ils trimbalent en silence. On aurait aimé les aimer. Pas le temps, ils sont trop nombreux. On ne peut que les admirer comme on admire un trapéziste, un cracheur de feu, un contorsionniste. On est au cirque. C'est formidable le cirque, mais ça n'a jamais ému personne.
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Bien sûr, on pense à Delicatessen pour l'univers "vide-grenier" de jeunet (...) mais la mécanique semble tellement huilée et le scénario tellement cliché qu'il manque le petit truc qui participait tellement au charme et au succès d'Amélie Poulain : l'émotion. Tout ça pour ça ?
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A l’actif du film, très au-dessus de la production lambda, une maîtrise absolue de la mise en scène (clins d’œil à Chaplin, à Sergio Leone et à "Mission : impossible", de Brian de Palma). A charge : une esthétique – entre expressionnisme allemand et bric-à-brac de grenier – toujours prompte à prendre le pas sur un scénario étique où les personnages (les ferrailleurs notamment) restent dessinés à très, très gros traits.
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Et de se retrouver en terrain jeunétien connu avec images, personnages et objets à l'avenant. Non que le film soit désagréable à voir, plutôt que la déception est à la hauteur du talent de Jeunet, trop confortablement installé dans une histoire qu'il maîtrise de bout en bout et dont on aurait voulu qu'elle fût plus aventureuse.
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Léger, gracieux, Dany Boon fait une entrée réussie dans l’univers reconnaissable entre mille du réalisateur d’« Amélie Poulain ». [...] Jeunet fait du pur Jeunet, quitte à donner parfois l’impression de se répéter. Il n’empêche, même si les personnages manquent un peu de chair pour émouvoir vraiment, on éprouve toujours un vif plaisir à se laisser émerveiller.
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Cette fois, il nous agace avec cette fable gavée de bons sentiments et de poncifs. Et le soin maniaque apporté au décorum - il chipe la vedette aux acteurs - ne saurait masquer son manque d'inspiration.
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(...) Jean-Pierre Jeunet, à force de vouloir élever la “pensée magique” de l’enfance au rang de vertu, a fini par tomber dans le gâtisme et la mièvrerie, mais que cet art psychotique du ressassement des mêmes motifs, allié à la popularité des comédiens (Dany Boon, Yolande Moreau…), a une chance de satisfaire son public. (...) Tout cela, influencé par moments par l’univers de Tim Burton (en niais), tombant souvent dans l’inutile, le mauvais goût (la supercherie de l’enlèvement de la fin), ressemble à un goûter entre petits amis où on refait le monde en reprenant un verre de Banga.
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Moins à l’aise dans l’écriture que dans sa manière lumineuse et maligne de mettre en scène la narration, Jeunet réussit son pari à moitié. Son talent de poète cinématographe est indéniable, le cinéaste faisant une nouvelle fois du Paris des quartiers une splendeur de cinéma qui séduira tous les spectateurs étrangers, amateurs de vignettes colorées. Mais dans sa démonstration d’humour à l’ancienne teinté de burlesque (on pense à Chaplin, mais aussi Delicatessen), on se sent un peu frustré par tout le potentiel non exploité du sujet qui frise un peu la comédie mécanique.
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Le script est donc un simple prétexte pour retrouver l'esthétique semi-rétro que Jeunet affectionne, façon «réalisme poétique» et France de toujours (ripolinée au numérique). Et d'y faire évoluer des personnages caricaturalement hauts en couleur, se livrant à des combines diverses (mais bien intentionnées) qui mêlent huile de coude et lois de la mécanique. Hélas, ces «micmacs», montés comme de minutieuses réactions en chaîne, ne sont jamais prenants ni jubilatoires. Quant à l'esthétique si singulière qui a fait la gloire de Jeunet, elle paraît aujourd'hui curieusement usée, comme épuisée. Une inspiration nouvelle est demandée.
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L'inventivité vantée chez le plus vieux cinéaste du monde, ses sketches à la noix entrecoupant un récit crétin, donnent envie de hurler à chaque plan. Bien dans sa soupe, il semble acquis que Jeunet continuera à croupir dans son imaginaire parigot tête de veau. Qu'il y reste.