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Ce remarquable premier long métrage autopsie avec un peu de distance (l’action se passe en 2008), la société algérienne en train de panser les plaies de la guerre civile. Comme dans les films de Robert Guédiguian, tout passe par des dialogues, assez politisés, entre plusieurs personnages de différentes générations : il y a Amal et Amir, couple qui fête ses 20 ans de mariage dans une atmosphère électrique ; leur fils insolent, Fahim, qui traîne un spleen inavoué entouré de ses amis, le “punk religieux” Reda et la joyeuse Feriel. Au cours de 24 heures mouvementées, ils vont appréhender la difficulté d’avancer dans un pays où règne une omerta généralisée sur les événements passés… C’est un film bavard sur la difficulté de communiquer, où les choses graves sont expectorées brutalement, sans prévenir. Sophie Djama procède par des ruptures de ton qui donnent sa couleur mélancolique aux Bienheureux, traversé de longues plages d’errance dans un Alger très peu vivant, comme figé dans le temps. Puissant.