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Tout le monde connaît l’histoire de Jérôme Kerviel. Christophe Barratier réussit pourtant à faire de cette affaire un thriller anxiogène et à maintenir la pression par une mise en scène hystérique entre les murs d’une salle des marchés, qui évoque plus un tripot peuplé d’accros au jeu que les bureaux de cadres de la finance. Le réalisateur des Choristes dessine d’ailleurs moins le portrait d’un ambitieux que celui d’un junkie, un jeune homme dénué d’opinions politiques ou de calculs économiques uniquement drivé par l’adrénaline, pour lequel le risque (de ses prises de positions dangereuses voire inconscientes) est une fin en soi. Il évite du coup l’essentiel des écueils possibles, la leçon moraliste comme la complaisance à l’égard de son personnage controversé (dont il adapte pourtant le bouquin), ni héros ni victime mais plutôt complice – d’un système spéculatif aberrant, cynique, sans pitié dans lequel il a choisi d’évoluer.