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Un homme que les circonstances de la vie conduisent à se confronter directement aux limites de sa morale qu’il peut ou non décider de franchir avec, dans l’ombre, la menace du retour du bâton… Les « héros » des deux longs métrages réalisés à ce jour par Dan Gilroy obéissent finalement à la même définition. D’un côté, dans Nightcall, Lou Bloom, ce journaliste qui déplace les cadavres sur les scènes de crime pour obtenir le scoop le plus vendeur sur les chaînes info. Et de l’autre, ce Roman J. Israel, avocat idéaliste et libéral soudain confronté à la réalité de la justice après la mort de son associé. Une sorte de Rain man qui parle cash dans un monde où le silence, l’hypocrisie et le mensonge sont rois. Un travailleur de l’ombre, le MP3 collé aux oreilles, qui en acceptant un autre poste va perdre pied en se confrontant au quotidien des prétoires et des visites en prison des présumés coupables. Jusqu’à être tenté de travestir la réalité pour qu’elle corresponde à ses idéaux. L’affaire Roman J. est donc un film à procès comme les aiment tant les Américains. Mais aussi et surtout le portrait assez bouleversant d’un homme dont l’éthique va se retrouver mise en lambeau par cet impitoyable système judiciaire outre- Atlantique. Un film politique donc souffrant certes de longueurs mais porté par une nouvelle interprétation « bigger than life » de Denzel Washington à l’aise comme un poisson dans l’eau au fil de ce chemin de croix de plus en plus anxiogène.