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Format carré, noir et blanc granuleux, plans généralement fixes, personnages en quête de point de fixation..., on retrouve dans la mise en scène de l’iranien Babak Jalali, les stigmates d’un cinéma indé des années 80 dont Jarmusch et Kaurismäki étaient alors les figures de proue. Un cinéma qui explorait les marges et revendiquait une poésie de l’existence autant par l’absurde qu’un certain désenchantement. Si Fremont arrive chargé de cet apparent héritage, le film, quatrième long de son auteur (Land, Radio Dreams...), trace sa propre voie. Donya, 20 ans, est une réfugiée afghane qui vit au sein de sa communauté près de San Francisco, dans la ville de Fremont. Pour autant, la jeune femme n’entend être réduite à ses racines, encore moins à son statut social, rappelant que l’indépendance de ce cinéma-là va de pair avec la volonté qu’ont généralement les protagonistes de s’extraire d’un moule qui réduirait leur horizon. Donya (la débutante mais épatante Anaita Wali Zada) travaille dans une fabrique de Fortune Cookie. Le récit avance dans une langueur enveloppante dont l’apparente monotonie est contrariée par cette héroïne qui voit tous les personnages qu’elle croise (à commencer par son psy, fan de Jack London) trouver une forte d’apaisement à son contact. Dans les derniers instants la rencontre avec un garagiste sensible (Jeremy Allen White, aussi génial que dans la série The Bear) offre enfin une fusion possible. La mise en scène, avec une élégance rare, réussit à insuffler un charme.