Engagé dans les Marines en 1943, gravement blessé, il débute au théâtre à New York (1946) puis au cinéma, assez obscurément (La marine est dans le lac You're in the Navy Now, H. Hathaway, 1951). Son ascension est pourtant rapide, mais son physique et son allure le confinent dans les rôles de mauvais garçon ou de tueur professionnel, qu'il nuance de façon extraordinaire si l'on tient compte de l'immobilité de sa physionomie, immobilité dont la fascination s'est précocement enrichie d'une couronne de cheveux blancs. Il passe de la rage sournoise explosant brusquement (Règlement de comptes, F. Lang, 1953 ; la Peur au ventre, S. Heisler, 1955) au pittoresque de l'aventurier sympathique (la Taverne de l'Irlandais, J. Ford, 1963) ou à l'activisme glacé, presque monolithique (les Professionnels, R. Brooks, 1966 ; les Douze Salopards, R. Aldrich, 1967) pour une bonne ou une moins bonne cause. Oscar du second rôle pour un mauvais numéro de shérif ivrogne (Cat Ballou, E. Silverstein, 1965), cet excellent acteur fut parfaitement dirigé par John Boorman dans le Point de non-retour (1967) le nimbant enfin de la lumière « mythologique » à laquelle il aspirait visiblement (il fut d'ailleurs à l'origine du projet mais laissa ensuite Boorman travailler à sa guise), et dans Duel dans le Pacifique (1968) où il fait jouer ses possibilités de renouvellement les plus saisissantes face à l'acteur japonais Toshir Mifune. Depuis lors, il n'a cessé d'être une vedette mais il a paru somme toute assez peu avant d'être le « porte-parole » de Fuller dans Au-delà de la gloire (1979).