Bob Iger raconte que le groupe ne "pouvait pas rester les bras croisés et regarder les choses se passer !"
Ce sera l'un des événements de la fin d'année, dans le monde du divertissement. La plateforme Disney + va venir concurrencer Netflix, Amazon Prime Vidéo et autre YouTube Premium, sur le marché de plus en plus concurrentiel du streaming. À quelle date exactement et combien ça va coûter ? On n'en sait encore rien, mais le patron de Disney, Bob Iger, s'est confié il y a quelques jours au site Barrons, pour revenir sur la création de ce mastodonte ambitieux... et aussi très risqué pour le groupe aux grandes oreilles.
"Ne rien faire crée vraiment plus d'incertitude que l'inverse", assure d'entrée Iger, pour expliquer pourquoi le géant du divertissement a décidé d'investir ce marché encore tout frais. "Je me rappelle d’autres sociétés, dans d’autres secteurs, occupant des positions similaires (à la nôtre) au cours des 50 dernières années. Tout le monde pense par exemple à Kodak qui n'a fait que constater l'avènement de la photographie numérique. En ce qui nous concerne, il était devenu très clair que ce que nous observions (sur le marché du streaming) était réel, durable. Une transformation radicale, permanente et profonde (des modes consommation). Alors j'ai réuni mon équipe et le conseil d’administration et je leur ai dit : «Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et regarder les choses se passer !».
Disney prépare un remake en live action du Bossu de Notre-DameDisney + va donc essayer de prendre sa part, sur le marché du streaming. Et pour attirer le chaland, le groupe prépare déjà des séries originales, ainsi que des films spécialement créés pour le service. "C'est assez facile (de savoir quel film sortira au cinéma et quel film ira sur la plateforme). Notre studio produit entre huit et dix films par an, avec de gros budgets et, espérons-le, de gros scores au box-office. Ces films appartiennent vraiment, nous le croyons, au grand écran. Nous ne cherchons pas à en prendre un et à le transférer sur la plateforme".
Non, ce sont bien des films originaux, qui seront pensés et développés spécifiquement, pour Disney +. "Un certain nombre d'idées ont été lancées. Et hormis un long-métrage qui était effectivement envisagé au départ pour le grand écran - mais qui n'avait pas un gros budget - aucun d’entre eux n’était en développement pour le cinéma. On prépare, par exemple, pour la plateforme, un remake de La Belle et le Clochard. Et il n'y a pas eu une seule discussion sur l'opportunité de le faire pour le grand écran. Tout le monde a dit que c’était une belle histoire, qu'on adorerait la refaire, mais la refaire pour ce que nous appelons «le service» (Disney +) en interne."
Disney ouvre la porte à une reprise des séries Marvel de NetflixBob Iger poursuit et détaille la philosophie de la future structure : "Presque tous les films réalisés par le studio sont des films à plus de 100 millions de dollars de budget et nous ne cherchons pas à faire des films de ce niveau pour le service. Nous cherchons plutôt à investir de manière significative dans des séries télévisées, épisode par épisode. Nous souhaitons également produire des films avec un certain budget (pour Disney +), mais rien de ce niveau-là. Nous ne ferions pas un film Star Wars à destination exclusive de la plate-forme, par exemple. Quand tout le monde sort le week-end et que vous avez un film qui démarre à 200 millions de dollars, il y a un buzz qui crée de la valeur. Nous aimons ça. Et puis au bout du compte, tous les films que nous sommes en train de faire finiront par se retrouver sur le service à un moment ou à un autre."
En ce qui concerne la production de shows pour le petit écran, le Président explique que son groupe s'est tourné naturellement vers "Disney Channel, qui tourne à pleine capacité. Nous avons pensé qu'il serait possible pour eux de commencer à développer d'autres shows de télévision de marque Disney pour le service de streaming, sans les priver des shows dont ils ont besoin pour remplir leur grille."
Le remake de La Belle et le Clochard sera tourné avec de vrais chiens"Nous réalisons également une série Marvel et une série Star Wars. Je suppose que nous aurions pu faire cette série Star Wars pour ABC si nous avions voulu... mais le budget et les dépenses que nous y consacrons, ainsi que la nature du matériel d'origine, nous ont laissé penser qu'il s'agirait d'une tête de gondole parfaite pour le nouveau service. Parce qu’il s’agit d’une priorité pour l’entreprise. Il faut que cela se voit en matière de contenus. Il faut que des décisions subjectives soient prises pour savoir où aller, car nous devons nourrir cette nouvelle bête."
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