La grande actrice et réalisatrice israélienne est décédée à 51 ans des suites d’un cancer.
Ronit Elkabetz avait le regard noir, la dignité blessée et l’intensité des grandes tragédiennes. Mon Trésor (Keren Yedaya, 2004), où elle était grandiose en mère prostituée au bout du rouleau, avait révélé sa nature exceptionnelle qui en avait fait la grande actrice israélienne de son temps.
Francophone, elle avait illuminé de sa présence charismatique La Fille du RER d’André Téchiné, Cendres et sang de Fanny Ardant, Tête de Turc de Pascal Elbé ou Les Mains libres de Brigitte Sy, des films beaux et exigeants qui témoignaient d’un goût très sûr en matière de cinéma d’auteur.
Passée à la mise en scène en 2005 avec Prendre femme, premier film d’une trilogie coréalisée avec son petit frère Shlomi, elle avait rencontré le même succès. « J’ai ressenti un besoin vital de création mais je ne voulais pas l’assouvir toute seule, nous confiait-elle à Cannes en 2014. Je me suis naturellement tournée vers Shlomi qui écrit depuis qu’il est tout petit. » Leur chef d’œuvre, Le Procès de Viviane Amsalem, récit d’une procédure de divorce interminable, portait la trace de son engagement et de son indépendance d’esprit dans un pays où la critique des institutions et de la religion n’est pas très bien vue. Mais on lui passait tout, à Ronit. L’ancien président Shimon Peres vient d’ailleurs de saluer en elle « une extraordinaire ambassadrice de la culture de l’état d’Israël ». @chris_narbonne
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