Gérard Depardieu joue un homme traumatisé par la guerre d'Algérie, devenu violent. Un drame à voir ce soir sur Canal +.
Sorti en juin dernier peu après la réouverture des salles de cinéma, Des hommes, de Lucas Belvaux, sera diffusé ce soir en crypté sur Canal +. Première vous le conseille, même s'il n'est pas parfait : il faut notamment s'accrocher au début, avant que les flashbacks ne permettent de mieux comprendre le parcours de l'anti-héros joué par Gérard Depardieu. Voici notre critique.
Ca commence comme dans un mauvais téléfilm : une réunion d’anniversaire dans une salle des fêtes communale est perturbée par l’arrivée du pochtron local. Gérard Depardieu vitupère, bouscule, puis est expulsé par quatre hommes, scène paresseusement montée au ralenti pour mieux en montrer la violence. Ce Bernard terrorise ensuite, chez elle, une famille d’origine arabe. Flash-back. On retrouve Bernard, jeune appelé en Algérie à l’époque des « événements ». Taiseux, attentiste, il assiste, sans y participer mais sans les dénoncer non plus, aux actes répréhensibles de certains de ses camarades. Les horreurs de la guerre s’insinuent dans cet esprit faible, épris de religion mais incapable d’empathie. N’a-t-il pas traité sa sœur mourante de « salope » après qu’elle a accouché d’un enfant illégitime ? L’Algérie aura fini de briser cet homme fragile qui se reconstruira par la violence et la haine, seul moyen pour lui de survivre, mais à quel prix. En adaptant le roman de Laurent Mauvignier, Lucas Belvaux signe un film profond qui va à rebours de notre époque consensuelle en s’intéressant aux conséquences du stress post- traumatique chez les soldats français mais aussi chez les Harkis, les oubliés perpétuels de l’Histoire. Pas de contrechamp sur le camp d’en face mais des réflexions du type « Si j’avais été algérien, j’aurais sans doute été un fellaga » témoignent d’une humanité déboussolée et, au- delà, du caractère universel de l’angoisse existentielle et du désespoir en temps de guerre.
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