Les frères Pastor signent un thriller socio-parano éprouvant.
Deux films espagnols ont conquis le public ces derniers jours sur Netflix : La Plateforme (vous pouvez lire notre analyse de la fin ici), et Chez moi, un thriller porté par Javier Gutiérrez (La isla mínima).
Le titre est un peu abusif : Chez moi n’atteint pas le niveau du chef d’œuvre de Bong Joon-ho, c’est au mieux une série B de haute volée, ce qui n’est déjà pas rien. Mais qui sont les frères Pastor (Àlex et David), devez-vous déjà vous demander ? Disparus des radars depuis 2013, ils avaient signé au préalable deux films prémonitoires : Infectés et Les derniers jours, qui traitaient de sociétés post-apocalyptiques après la propagation de virus mortels... Deux films tendus où les frères étalaient leur science du cadre et du découpage mais qui souffraient d’une écriture un peu paresseuse, leur pêché mignon, nous y reviendrons. Le génial Javier Gutiérrez, vu dans La isla mínima ou Assassin’s creed, incarne Javier, un publicitaire au chômage qui enchaîne les entretiens d’embauche ratés. L’argent venant à manquer, il en vient à quitter, avec sa femme et son fils, le bel appartement qu’il occupait dans une résidence bourgeoise. Un jour, pris d’une folie subite, il décide de se rendre dans son ancien domicile dont il a conservé un jeu de clefs. Il va s’insinuer progressivement dans la vie du couple de jeunes parents qui habite désormais les lieux...
Contrairement à Parasite, Chez moi n’est pas un véritable home invasion movie : Javier ne passe pas son temps dans son appartement mais à des réunions d’Alcooliques Anonymes où se rend le nouveau locataire dont il découvre qu’il a de sérieux problèmes de couple qu’il va exploiter à des fins personnelles. Peu à peu, l’homme invisible qu’il était devenu regagne en assurance et en machiavélisme. L’agneau devient prédateur, de la pire espèce, la finalité, comme dans Parasite, étant de jouir des richesses et du statut de l’Autre mais, cette fois, non pas par nécessité mais par plus plaisir pervers. Les frères Pastor portent eux aussi un diagnostic sans appel sur la société de surconsommation qui conduit aux pires extrémités. Dans l’esprit, cependant, on est plus proche du cinéma d’Alex de la Iglesia que de celui de Bong Joon-ho : le trait est plus épais et outrancier -comme chez ce gardien d’immeuble pédophile qui fait chanter Javier. Un peu prévisible, Chez moi brille est une pure série B, amorale et malsaine à souhait, à l’atmosphère rendue pesante par la mise en scène “fincherienne” des Pastor, diaboliquement précise et étouffante.
Chez moi, disponible sur Netflix.
Parasite, une fable furieuse et politique magistrale [Critique]
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