Eskil Vogt réussit immédiatement son film de gamins dotés de pouvoirs psy. C'est un genre, et une claque.
Une famille emménage dans une cité norvégienne au début de l'été. La grande sœur est autiste, la petite s'ennuie. Elle va se lier d'amitié avec deux enfants, qui ont l'air de manier d'étranges pouvoirs. Même si Les Innocents, présenté à Cannes dans la sélection Un certain regard, n'a pas encore de date de sortie française (mais un distributeur chez nous, youpi), on ne va pas vous spoiler plus avant. Sachez seulement que son réalisateur, Eskil Vogt, vient de signer l'une des claques de l'année. Jouant sur les terreurs enfantines d'un trio de gamins stupéfiants (dont un petit sosie de M. Night Shyamalan, faites-en ce que vous voudrez) dans un espace très maîtrisé, Eskil Vogt (co-scénariste de Joachim Trier depuis toujours) réussit ce que le Thelma de Trier avait malheureusement manqué : Les Innocents est un terrifiant film surnaturel, réaliste, violent et sensoriel, parfaitement maîtrisé formellement. Si ça vous aide, la principale inspiration du film, revendiquée par Eskil Vogt, est le vertigineux manga Dômu de Katsuhiro Otomo, traduit en France sous le titre Rêves d'enfants : un prototype d'Akira, paru en 1980, avec des gamins doués de pouvoirs psy qui finiront par déchaîner l'apocalypse dans les barres de leur cité. L'apocalypse des Innocents est -échelle oblige- infiniment plus modeste visuellement, mais tout aussi concrète et terrifiante.
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