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Paul Mazursky est décédé le 30 juin dernier, à l'âge de 84 ans : il y a de très grandes chances pour que ce nom ne vous dise rien. Réalisateur et auteur discret, il a vécu toute sa carrière, des années 60 aux années 80, un peu dans l'ombre. Né à Brooklyn dans une famille d'origine ukrainienne, il joue des petits rôles par exemple dans le fameux Fear and Desire de Stanley Kubrick (le film de guerre longtemps invisible du réalisateur de Shining) ou des épisodes des Incorruptibles ou La Quatrième dimension. Twilight Zone en VO : manière de symboliser qu'il sera toujours dans une zone crépusculaire.En 1969, après avoir collaboré au script du Baiser papillon de Hy Averback il réalise son premier film, Bob et Carol et Ted et Alice. Succès pour cette comédie légère avec Natalie Wood et Elliott Gould racontant la rencontre de deux couples prêts à faire une partie à quatre, et quatre nominations aux Oscars dont celle du meilleur scénario original. Mazursky, scénariste et dialoguiste-né, recevra quatre autres nominations : trois pour ses scripts et un pour le meilleur film (La Femme libre en 1978). Avec son grand pote et co-scénariste Larry Tucker, il écrit pour Bob Rafelson le pilote de la série The Monkees, la célèbre parodie des Beatles qui deviendra un énorme hit. Avec sa semi-autobiographie de cinéma Next Stop Greenwich Village (1976), il réalise en tout 15 films pour le cinéma qui captent avec un talent certain l'esprit des USA des 70's. Et pour l'anecdote, il signe deux remakes de films français : Willie & Phil (version US de Jules & Jim de Truffaut avec Margot Kidder) et Le Clochard de Beverly Hills (1986), un Boudu sauvé des eaux avec Nick Nolte.En 1996, il se retire de la réalisation après Ma femme me tue ! (avec Cher et Ryan O'Neal), qui restera son dernier film de fiction. En 2006, il tourne Yippee, un petit documentaire qui raconte son retour vers ses racines en Ukraine, après avoir fait une apparition dans deux épisodes de la série Les Soprano (en 2000 et 2001), où il incarne le joueur de poker Sunshine. Il rejoint ainsi Sydney Pollack et Peter Bogdanovich, les deux autres réalisateurs 60's-70's à jouer dans les Soprano plus en manière de révérence que de clin d'oeil. Histoire de rendre hommage à un réalisateur sans doute injustement méconnu. Parfois qualifié de "Fellini américain" (notamment par Mel Brooks qui lui a rendu hommage sur Twitter) ou de Woody Allen de la côte Ouest, il avait son étoile gravée dans le sol à Hollywood.Un hommage à Bob et Carol et Ted et Alice : Et une présentation, un peu datée, du Clochard de Beverly Hills