Première
par Thierry Chèze
Alors qu’elle vient de perdre sa grand- mère, Nelly, une petite fille de 8 ans, part avec ses parents vider avec ses parents la demeure de cette mamie qui fut de fait la maison d’enfance de sa mère qui y avait construit une cabane devenue son refuge. Et c’est là qu’elle rencontre Marion une petite fille de son âge. Entre elles, le coup de foudre amical est immédiat comme si elle se reconnaissait. D’ailleurs, explique Nelly, elles se connaissent. « Je suis ta fille » lance t’elle à Marion, pas plus étonnée que cela, qui lui répond simplement. « Alors, tu viens du futur ? ». C’est ainsi, alors que la « vraie » mère de Nelly semble avoir disparu, que Petite maman bascule sans en avoir l’air vers le fantastique dans un voyage surnaturel semblable à un jeu de rôles d’enfants.
Cette escapade inattendue raconte la beauté enveloppante du film de Sciamma. Sa capacité d’abord à écrire et filmer à hauteur d’enfants. Cela explique pourquoi le surnaturel surgit ici sans jamais briser la ligne claire du récit mais comme le prolongement d’une apparente chronique sur le deuil qui se métamorphose en récit initiatique puis réflexion sur la transmission. Rien ici ne passe par la cérébralité. Tout est affaire de sensations, d’une atmosphère propice à l’abandon et au retour vers sa propre enfance. Et si en 72 minutes Céline Sciamma avait signé son plus beau film à ce jour ?