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Un Egon Schiele spolié par les nazis réapparait dans un pavillon ouvrier. Pas n’importe lequel, il s’agit des Tournesols fanés vendu - pour de vrai - chez Christie’s 17.2 millions d’euros en 2006. Dans ce film de Pascal Bonitzer on n’en est pas encore là. Il s’agit pour les pros du secteur de mettre la main dessus, de se faire mousser avant d’opérer son dévoilement. Le drame qui se joue non sans malice, est de faire co-exister des mondes qui ne se touchent pas forcément. Tout d’ailleurs est affaire d’aveuglement social où toute idée de raffinement se mesure à l’aune de son rapport aux choses, à l’art en particulier devenu valeur marchande. La mise en scène joue constamment du trompe-l’œil, son réalisme supposé se lovant dans une sorte de torpeur inquiète qui invite à reconfigurer les êtres et les lieux. Dès lors, l’intrigue elle-même se dilue volontairement dans ses propres illusions (le tableau enfin dévoilé décevra un expert), et place les consciences en première ligne.