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Adaptation d’un piquant roman de Rachel Cusk, La Vie domestique rend hommage à l’insolence féministe de Virginia Woolf dans un décor digne de Desperate Housewives, version francilienne. À voir Emmanuelle Devos changer de casquette – fée du logis, épouse semi-frustrée, éditrice brillante sur le retour – sans jamais glisser vers la caricature, on se dit qu’elle seule pouvait donner à cette crise
de la quarantaine la grâce, la tristesse et l’intensité qui émanent du film d’Isabelle Czajka. Depuis L’Année suivante, la réalisatrice accompagne ses héroïnes dans des transitions douloureuses toujours abordées avec finesse. Rien de vraiment tragique ici, juste des femmes amoureuses mais délaissées et des hommes pas méchants mais immatures. La vie quoi, dans tout ce qu’elle a de beau et de banal. Coup de blues possible à la sortie.
Toutes les critiques de La vie domestique
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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C'est gai, c'est triste et c'est magistralement interprété, notamment par Emmanuelle Devos. Entre “Desperate Housewives” et Virginia Woolf, cette œuvre au féminin est une réussite.
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Emmanuelle Devos dans une chronique féministe incisive, drôle et cruelle
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Un film merveilleusement juste.
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Il faut du talent et une interprète d’exception pour filmer la vie qui se délite, l’angoisse qui gagne, et que ce soit captivant. Isabelle Czajka a les deux.
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Au centre du groupe, le personnage d’Emmanuelle Devos prend conscience, au cours d’une journée décisive, du mal insidieux qui a contaminé sa vie. La comédienne est splendide, tout en nuances ironiques et nostalgiques, et sert superbement les dialogues ciselés de cette tragi-comédie ordinaire sur nos rêves démesurés et nos espoirs légitimes.
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Cette oeuvre délicatement féministe appuie là où ça fait mal en montrant qu’il n’est pas pire prison que celle où l’on s’enferme soi-même. Le clé du bonheur n’est pas la même pour tout le monde. Isabelle Czajka plonge le spectateur dans le vide vertigineux d’une existence ordinaire. Et si nous étions toutes plus ou moins enrôlées dans La Vie domestique ?
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Une vie de ménagère de moins de 50 ans comme il en existe des millions, captée ici avec une grande acuité. Tour à tour drôle, décalé ou totalement glaçant, le portrait de ces femmes aux existences à la fois si vides et si remplies – incarnées par la toujours formidable Emmanuelle Devos et par ses complices Julie Ferrier, Helena Noguerra et Natacha Régnier – est un vibrant cri féministe.
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Pour Emmanuelle Devos, réaliste sur ses propres chaînes, comme pour le spectateur, prisonnier avec elle dans ce mirage de bonheur familial. Alors, si le moindre détail de scénario semble s'échiner à en surligner le propos, lorsque le malaise vire à la nausée, on comprend qu'Isabelle Czajka a atteint son objectif. Il faut ce qu'il faut.
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Porté par l’interprétation toute en nuance et retenue d’Emmanuelle Devos et Laurent Poitrenaux (l’une toute d’agacement et de frustration rentrée, l’autre de petite lâcheté inconsciente), soutenu par des seconds rôles tout aussi épatants (Marie-Christine Barrault, Natacha Régnier, Julie Ferrier…), La Vie domestique frappe par la véracité d’un propos auquel les spectatrices n’auront pas de mal à souscrire.
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'après un roman de l'Anglaise Rachel Cusk, un portrait de femme piégée dans une vie confortable. Une accumulation de nuances qui fait sourdre les émotions.
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Le portrait des époux, préoccupés par leur travail, maladroits sans le savoir, misogynes sans s’en apercevoir et totalement ignorants du délitement qui gagne peu à peu leurs femmes, est d’une implacable justesse. « La Vie domestique » n’explose jamais. Elle implose. C’est pire. C’est mieux.
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Vingt-quatre heures heures de la vie de trois femmes dans une zone pavillonnaire de banlieue... Comme dans un roman de Virginia Woolf, la réalisatrice saisit le vide et l'inquiétude légère de ces femmes entre elles. Superbe interprétation.
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Entre humiliation larvée, sens du devoir et bribes de désirs avortés. Surtout, grâce à sa temporalité ramassée et à la justesse du jeu d’Emmanuelle Devos (comme toujours impeccable), le film évite habilement l’écueil du symbole trop lourd, du jugement moral ou de la critique facile. Avec une ironie douce, ‘La Vie domestique’ préfère scruter passionnément les détails d’un quotidien a priori fade, pour en révéler la substance et l’incertitude fondamentale. Et réussir à renvoyer assez subtilement le spectateur à lui-même – surtout s'il a entre 30 et 40 ans. Un film à voir, donc, et qui, sociologiquement, dépasse quand même largement Vincent Delerm. Ceci dit, les mères de famille ont-elles encore le temps d’aller au cinéma ?
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La Vie domestique est donc un film fort, à l’ambiance oppressante, dont on pourra cependant reprocher un manque de nuance notamment dans sa peinture de la gente masculine (personnages qu’on ne peut sauver, et pour lesquels on ne peut avoir aucune empathie).
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A force de souligner aussi vigoureusement un propos entendu cinq sur cinq dès les premières minutes, l’effet répulsif tant souhaité par la cinéaste finit par s’étendre à sa démonstration même.
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Dommage que cette chronique clinique baigne dans une ambiance irréelle. Reste l’impeccable Emmanuelle Devos, qui – avec Marie- Christine Barrault dans une courte scène –, donne de la chair à ce film désincarné.
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À l’instar de l’héroïne, on s’ennuie ferme dans ce film qui se noie dans une espèce de torpeur irréversible.
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De la tristesse d’un cinéma qui, fier de faire mine de porter un regard critique, fût-il préfabriqué, en assèche tout ce qu’il touche.