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Des figurants pâlichons, des dialogues où les virgules semblent prononcées comme des mots, des champs-contrechamps pour ne surtout pas perdre de vue celui qui parle, des costumes et des décors rutilants de propreté, un format panoramique où la caméra semble parfois un peu perdue... On ne peut pas dire que La Princesse de Montpensier soit un film « moderne ». Pourtant, le nouveau Bertrand Tavernier parvient à accrocher. D’une force romanesque certes un peu lente au démarrage, le scénario tisse le fil d’une intrigue qui, une fois débarrassée de ses oripeaux historiques confus, embraye sur une impressionnante corrida de rivalités masculines. Et puis, il y a les acteurs.
Toutes les critiques de La princesse de Montpensier
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Plus encore que dans ces précédents films en costumes, Tavernier a réussi à filmer comme s'il était un contemporain de l'action. a fable est alors poignante.
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Tavernier prend un plaisir évident à renouer avec son scénariste de toujours et à travailler avec la jeune garde du cinéma français - son film contribue d'ailleurs à révéler le troublant Raphaël Personnaz dans la peau du très viril duc d'Anjou. Quant à Lambert Wilson, il trouve avec Chabannes, et après Des hommes et des dieux, l'un des grands personnages de sa carrière : humaniste, philosophe et bouleversant.
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(...) le film s'impose comme un vrai spectacle populaire, épique et profondément honnête, filmé par un des derniers vrais amoureux du cinéma et rythmé par la flamboyante partition d'un Philippe Sarde complétement habité. Tout simplement un grand grand film à voir d'urgence et à apprécier à sa juste et vraie valeur. Merci, Monsieur Tavernier. Comme d'habitude.
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À travers ces luttes de pouvoir et de coeur, Tavernier dépeint la jeunesse d'une époque sur laquelle reposaient des responsabilités bien trop grandes. On a reproché à ce film son classicisme, synonyme d'ennui. Et il est vrai que Tavernier ne multiplie pas les effets de montage saccadés. Mais sa mise en scène a quelque chose de plus souterrain, terreau d'une violence sourde qui parfois éclate sans ménagement (une scène de dépucelage...). Et en dépit d'un manque évident de moyens gênant dans certaines scènes, Tavernier réussit à insuffler un souffle violent et sec. Et il confirme son goût sûr pour les comédiens, mêlant membres de la jeune génération en état de grâce (Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel, Raphaël Personnaz...) et acteurs confirmés à leur meilleur (Lambert Wilson...).
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Cette histoire bouleversante surprend par son étonnante modernité tant pour ce qui concerne les dialogues, que pour la mise en scène sublime. Tavernier est aussi à l’aise dans les scènes intimistes que dans de superbes séquences de combat particulièrement violentes. Ses interprètes, tous parfaits, communiquent les passions ressenties par les protagonistes avec une grande force. Passionnant et passionné, ce film est l’un des meilleurs du réalisateur de Dans la brume électrique (...).
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C'est bel et bien un film d'amour qu'a réalisé Bertrand Tavernier, attentif aux passions brimées dont souffrent ses personnages. Un film où il communique le sentiment de douleur que génère chez certains une trop grande dignité. Le reste est connu chez lui : cette gourmandise avec laquelle il s'empare d'une page d'Histoire, en restant attentif aux us et coutumes du temps sans figer des images d'antiquaire. C'est l'âme d'une époque qu'il capte lorsqu'il dépeint la cérémonie nuptiale ou un ballet de pots de chambre, donne la recette des anguilles farcies, montre le dortoir de ces messieurs au château. Ses héros sont aussi naturels que possible en dépit de leurs costumes, délestés de perruques.
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Loin du badinage amoureux, Tavernier montre la dureté d'une société où la femme n'a jamais son mot à dire, prisonnière du désir des hommes qui, même quand ils aiment sincèrement, se servent comme si la femme leur était due.
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Avant « La princesse de Clèves », il y eut « La princesse de Montpensier », autre nouvelle de Madame de Lafayette. Loin de la concision et de la sécheresse du roman, Bertrand Tavernier insuffle vie et passion à cette histoire de cœurs tourmentés dans une époque qui ne l’est pas moins. Dans le fracas des guerres de religion, et un contexte - décors, costumes, combats et personnages historiques - jamais envahissant, filmé sans lourdeur, cette aventure à la Dumas met en valeur deux beaux personnages, très modernes : le comte de Chabannes, humaniste écoeuré de violence et une toute jeune femme, déchirée entre amour, loyauté, trahison, découvrant les injustices faites à son sexe. Résonances très actuelles d’un siècle d’intolérance… La belle brochette de jeunes acteurs, entourée de Lambert Wilson, émouvant mentor, s’approprie avec talent de ravissantes tournures classiques. Du souffle, du panache, de l’émotion : une réussite.
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Étoffée, réchauffée, la nouvelle de Mme de Lafayette brûle de passion sous la caméra de Bertrand Tavernier.
Solaire, Mélanie Thierry incarne une femme que les guerriers fous de désir se disputent telle une proie. La beauté des images, des costumes, le plaisir d’un romanesque dépoussiéré, d’une troupe d’acteurs inspirée, de seconds rôles épatants ah, Magnan et Vuillermoz ! , tout cela concourt à faire de « la Princesse de Montpensier » un film ambitieux et poignant. -
La Princesse de Montpensier est un film de cape et d'épée, mais surtout de cape. Velours, broderies, pierreries et tapisseries ressortent avec netteté, mais sans pompe aucune, comme des attributs indissociables de la personne. Tavernier se fait fin portraitiste - son pinceau n'appuie pas. Et fin paysagiste - la terre, les arbres, la brume, paraissent d'époque ! Servi par des dialogues vifs et épurés (signés Jean Cosmos), il redonne toutes ses lettres de noblesse au classicisme, littéraire comme cinématographique. Pour preuve, ce plan sublime, fugitif comme une impression de déjà-vu (chez Raoul Walsh ou Max Ophuls ?), où la caméra, comme grisée, approche et survole un divan, duquel se lève Marie de Montpensier, alanguie, prête à offrir au film sa pulsation intérieure.
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Adaptation littéraire soignée qui devrait ravir les fans de reconstitution historique et de romanesque contenu. Mais on a connu Bertrand Tavernier plus incisif et inspiré.
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Adaptant une nouvelle de Madame de La Fayette, il signe une oeuvre intemporelle, romanesque et instructive sur les moeurs du XVIè siècle. Mélanie Thierry, lumineuse, trouve enfin un magnifique premier rôle.
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Bertrand Tavernier s’empare d’une nouvelle de Madame de La Fayette sur les amours contrariées de Marie de Montpensier (Mélanie Thierry), jeune femme mal mariée, qui, à aimer le duc de Guise (Gaspard Ulliel), ne parviendra qu’à se perdre. Le réalisateur enrôle une pléiade de jeunes acteurs – la bonne idée du film –, traite l’histoire sans gourme, c’est-à-dire en y injectant ce qu’il faut de modernité, filme au corps à corps les champs de bataille ou les appétits nus et tient le pari de conjuguer l’épique et le lyrisme. A ce petit jeu-là, deux acteurs excellent : Lambert Wilson (précepteur mélancolique hanté par un crime) et Raphaël Personnaz (Anjou fracassant).
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Si l'air moite de la Nouvelle Orléans post-Katrina avait dopé le cinéma à l'ancienne de Tavernier, en lui insufflant sensualité et mystère (Dans la brume électrique), la France de Charles IX et des conflits sanglants entre catholiques et protestants l'a complètement plombé. Académique, proche d'un non-style télévisuel malgré quelques scènes de batailles honnêtes, la mise en scène manque cruellement d'ampleur, échouant à donner tout éclat romanesque à ce terne portrait de femme. Tavernier s'en remet complètement à son casting, sexy et racé certes, mais très inégalement dirigé. Lambert Wilson, qu'on a récemment vu à son meilleur dans Des hommes et des dieux, cabotine sec en vertueux Comte de Chabannes, Grégoire Leprince-Ringuet peine à exister en mari trompé, totalement éclipsé par le charisme plus immédiat d'un étonnant François Personnaz, crédible en Duc d'Anjou aux yeux khôlés comme une rock star. Quant à Mélanie Thierry, visiblement peu à l'aise avec la préciosité du texte de Mme de la Fayette, elle sauve à moitié les meubles par sa seule grâce naturelle. Mais pour les vertiges de la passion, on repassera.
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L’air frais visé laisse place à une miniature sous cloche et sous vide où le mélo, les sentiments flamboyants et les batailles sont lyophilisés. Tavernier se réfugie en fait dans la position du comte de Chabannes (Lambert Wilson), observateur détaché qui regarde ces jeunes faire les petits cons : un peu lucide, sentencieux, et pas très passionnant.