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L’entame du nouveau Guédiguian peut déstabiliser. Une fois le cadre du récit posé –l’effondrement de deux immeubles de la rue marseillaise d’Aubagne en 2018 -, la mise en place des personnages et de leur interaction part dans tous les sens, façon happening d’agit- prop’ où la parole se prend, se vole au lieu de se donner. Et puis petit à petit, sans jamais perdre de cette dynamique et des maladresses qui vont avec, le puzzle prend forme autour d’une figure centrale, une infirmière ayant l’engagement chevillée au cœur poussée par ses camarades à se présenter à la Mairie (personnage qui fait écho à Michèle Rubirola, gagnante des municipales en 2020), autour duquel gravitent ses collègues, son frère, ses enfants et même un possible nouvel amour débarquant dans sa vie alors qu’elle ne s’y attendait plus. A travers eux, ce qu’ils traversent dans leurs vies intimes comme de citoyens, Guédiguian parle du sujet qui l’anime depuis toujours : son refus de rester passif devant la misère du monde, son amour pour ceux qui pourfendent le chacun pour soi dévastateur. Et si dans La Villa et Gloria mundi, une certaine noirceur, un sentiment que les combattants d’hier n’avaient pas trouvé d’héritiers pointaient, Et la fête continue ! se situe pile à l’inverse. Entouré de sa famille d’acteurs (Ariane Ascaride, Gérard Meylan…), Guédiguian croit de nouveau à la lumière au bout du chemin et célèbre cette jeune génération qui reprend le combat, avec la même énergie et la même utopie que les anciens dont il fait partie. On en ressort gonflé à bloc et quelques larmes au coin des yeux.